De la 1000ème victoire de Federer au 93,18% de réussite de Novak Djokovic en passant par les 10 000 dollars d’amende de Nick Kyrgios à Montréal, voici 10 chiffres à retenir de cette saison 2015. Qui a encore vu tomber quelques records…
24. Les anciens se portent bien, merci pour eux. Mieux, ils ne se sont même jamais aussi bien portés ! Des 66 tournois du grand circuit, 24 ont été remportés par un joueur de 30 ans ou plus. C’est grosso modo le double des années précédentes, puisqu’il n’y en avait eu que treize en 2014, quatorze en 2013, et douze en 2012. Tout ça alors qu’en 1985, l’année où aucun des vainqueurs de Grand Chelem n’avait plus de 20 ans (!), un seul trentenaire avait soulevé un trophée. Il s’agissait de Tom Gullikson à Newport.
93,18%. Avec 82 victoires pour seulement 6 défaites - même pas besoin de s’appuyer sur les chiffres pour l’affirmer - Novak Djokovic a rendu l’une des meilleures copies de l’ère moderne. Et si Stan Wawrinka n’avait pas été touché par la grâce le jour de la finale de Roland-Garros, il n’y aurait pas de débat pour se demander si le Serbe est (ou non) le meilleur joueur de ces 50 dernières années. En attendant de voir s’il est possible pour lui de faire encore mieux en 2016, Djokovic a déjà balayé sa fameuse année 2011 (92,10%), mais reste encore distancé par le Federer de 2005 et 2006 (95,29% et 94,84%), et bien sûr par le McEnroe de 1984 (96,47%).
10132. A son âge, son compatriote Goran Ivanisevic avait déjà raccroché. Mais Ivo Karlovic a disputé environ 200 matches de moins pour en arriver là ! Le 7 octobre à Pékin, le Croate claque lors de son premier tour son 10 132è ace, dépassant le record de Goran Ivanisevic… Précisons tout de même que ce dernier a commencé sa carrière trois ans avant qu’IBM ne décide d’enregistrer et de répertorier toutes les statistiques…
45. Ivo Karlovic, aujourd’hui numéro 1 mondial des plus de 35 ans, n’a pas fait parler de lui que pour un record cette année, mais pour deux. Avant de doubler l’illustre Goran, il avait déjà dépassé d’une unité les 44 aces de Mark Philippoussis à Kuala Lumpur en 1995 en en frappant 45 en juin contre Tomas Berdych à Halle (victoire 7/5 6/7 6/3), ce qui est un nouveau record pour un match du grand circuit disputé en deux sets gagnants…
14. Si Felix Auger Aliassime, Canadien d’origine togolaise, poursuit sa route jusqu’au sommet, on retiendra qu’il a remporté son tout premier match en Challenger – c’est du jamais vu - avant même son quinzième anniversaire (à 14 ans et 11 mois, à Granby en juillet contre un gars du top 500, Andrew Whittington). Né un 8 août comme un certain Roger Federer, Felix Auger Aliassime ne battra toutefois pas le record du plus jeune vainqueur d’un match ATP (c’est toujours Franco Davin en 1985, à 15 ans et 1 mois), ni celui du plus jeune participant à un tournoi du grand circuit (c’est toujours Razvan Sabau à Bucarest en 1991, à 14 ans). Il peut en revanche encore faire « mieux » qu’Aaron Krickstein, vainqueur à Tel Aviv en 1983 à l’âge de 16 ans et 2 mois. Mais pour cela, le 769è mondial devra gagner un titre avant octobre 2016.
20. Déchu à Roland-Garros, balayé en première semaine à Wimbledon et à l’US Open, Rafael Nadal a vécu sa plus mauvaise saison depuis ses débuts. Entre janvier et novembre, l’Espagnol a été battu à 20 reprises, lui qui en général termine l’année avec entre huit et quinze défaites. Sa défaite au deuxième tour de Wimbledon face à l’Allemand rasta Dustin Brown restera l’une des plus grosses surprises de l’année.
33. « Je ne veux pas en parler. Je ne veux pas parler de combien c’est décevant pour moi. Si vous avez des questions sur autre chose, je vous écoute… » Après sa défaite invraisemblable contre la trentenaire italienne Roberta Vinci en demi-finale de l’US Open, où Serena Williams devait – c’était écrit – boucler le premier Grand Chelem calendaire depuis Steffi Graf en 1988, l’Américaine se protège en envoyant balader le cortège de journalistes venu assister à sa conférence de presse. La déception est à la hauteur de la surprise, et le compteur reste bloqué à 33... 33 victoires consécutives en Grand Chelem, c’est, tout de même, du jamais vu depuis Graf il y a un quart de siècle.
1 000. Dès son premier tournoi de l’année à Brisbane, Roger Federer passe la barre des 1000 matches remportés en carrière en battant Milos Raonic en finale, 16 ans et 3 mois après le premier (Guillaume Raoux à Toulouse en 1998). Arrivé à 1059 en fin de saison, le Suisse devrait dès la saison prochaine dépasser Ivan Lendl et ses 1071 victoires. Mais pour rattraper le patriarche Jimmy Connors et ses 1254 victoires, il devra encore gagner 235 matches. Impossible ?
10 000. A Montréal, Nick Kyrgios – jeune Australien sanguin, entier et parfois maladroit – chauffe Stan Wawrinka en lui affirmant sans élégance en plein match que son compatriote Thanasi Kokkinakis a fricoté avec sa copine. Nastase, Connors ou McEnroe ont fait pire, mais la provocation est peut-être moins en vogue qu’il y a 30 ans : Kyrgios a donc écopé du PV maximum (10 000 dollars) assorti d’une mise en garde sévère de l’ATP, et s’est accessoirement mis une partie de l’opinion publique à dos.
90. En janvier, avant l’Open d’Australie, Roger Federer et Lleyton Hewitt expérimentent le format « fast 4 », avec sets en 4 jeux gagnants, no-ad, no-let et tie-break à 3 jeux partout. Le Suisse s’impose 4-3 2-4 3-4 4-0 4-2 en 90 minutes (le match en cinq sets le plus court de l’année, de loin !). Bref, on effeuille, on dépouille, on essaie de gagner du temps, à une époque où l’on en a parait-il de moins en moins… Et la prochaine étape, c’est quoi ? Des matches en deux tie-breaks gagnants ?
Par Julien Pichené
Pour aller plus loin
Pour en savoir plus sur le projet #FAAPOINTSFORCHANGE avec Félix Auger-Aliassime