La semaine dernière, Michaël Llodra a annoncé la fin de sa carrière, à l’âge de 35 ans. La faute à une blessure au coude récalcitrante qui l’a éloignée des terrains depuis l’US Open 2014. En conférence de presse, le gaucher, l'un des derniers serveurs-volleyeurs du circuit, s'est dit « serein » après « une longue carrière de quinze ans ». Quinze années de vannes, de blouson brûlé et de bonnes bouteilles de vins.
1. « Tu gagnes beaucoup trop de matchs cette année »
Mars 2005. Ivan Ljubicic prépare son troisième match du tournoi de Miami face à Vince Spadea. À la sortie de la douche, il découvre ses affaires dispersées sur le sol. Surprise : dans son casier se cache la carcasse de Michaël Llodra, en tenue d’Adam ! « J’essaie de capter ton énergie positive. Tu gagnes beaucoup trop de matchs cette année », explique le trublion français, sous les yeux d’un vestiaire hilare. Une facétie qui a laissé au Croate quelques séquelles : « Maintenant, quand j'ouvre mon casier, je le fais très lentement ».
2. Mayonnaise, Club Med et blouson brûlé
L’intéressé le dit lui-même : « Jusqu’à 18 ans, j’étais ‘no limit’, dans l’extrême. J’ai été viré de partout. » Viré de partout : du Tennis Club de Paris à 12 ans, pour avoir brûlé un blouson dans le vestiaire. Du collège La Fontaine parce qu’il était dissipé. Du sport-études de Boulouris car il faisait le mur. De l’équipe de France Espoirs pour avoir, entre autres, trempé une tomate dans la mayonnaise et l’avoir jetée sur des gens. « Depuis tout petit, il est en dents de scie dans son comportement, fait remarquer, Yann, son frère aîné de huit ans, dans les colonnes de L’Equipe. Plus jeune, au Club Med, les chefs de village voulaient toujours l’embaucher ! »
3. « Ce drame est devenu ma force »
Mais la vie n’a pas toujours été faite que de soleil et de nanas. Dans cette même interview, son frère Yann poursuit : « Mika est aussi ultrasensible, très affectif. À chaque point d’un jeu, il se retourne vers nous et il faut qu’on l’encourage. Si on a le malheur de regarder ailleurs ou de lever les yeux au ciel sur une faute, il nous insulte depuis le court ! Il a toujours besoin de toute notre solidarité, de notre présence. » Quand Michaël parle de sa famille, c’est pour expliquer les instants forts constitutifs de sa vie d’homme, bien avant cette éclosion tardive. Toujours dans l’Equipe, il évoque la mort de sa mère, en 2003, disparue d’un cancer en quinze jours seulement. Deux jours plus tard, sa femme fait une fausse couche. « Il fallait qu’en même temps je sois un bon mari, que j’aide mon père, au plus mal, et que je me relève de la mort de ma mère. Avec le temps, ce drame est devenu une force. Je sais depuis que la vie est précieuse, qu’on peut tout perdre très vite, qu’on peut regretter de ne pas avoir davantage dit ‘je t’aime’. »
4. « On n’est pas au souk ici »
2500 dollars. Ou le montant de l’amende infligée par l’ATP à Michaël Llodra en 2012. La raison ? Le Français aurait lancé « fucking chinese », soit « putain de Chinois » en français, à l'encontre d'une fan asiatique du Letton Ernests Gulbis coupable d’être un peu trop bruyante au premier tour du Masters 1000 d'Indian Wells. « J'ai dit ça dans le feu de l'action », se défendra plus tard l’accusé. Qui n’en est pas à son premier accident. En 2011, à Roland-Garros, il se plaint des déplacements intempestifs en tribune d'une hôtesse pendant son match contre le Belge Steve Darcis. « On n'est pas au souk ici, on ne vend pas des tapis sur un marché », dit-il à l'arbitre marocain Mohamed El Jennati. Et de poursuivre dans sa défense, toute personnelle : « Mohammed est un copain, on rigole ensemble. J'ai l'habitude de lui sortir ça depuis que j'ai fait un tournoi à Casablanca où c'était vraiment le bordel. »
5. « On est proche de l’orgasme »
Il y a encore quelques jours, on aurait pu dire de Michaël Llodra, 35 ans, qu’il était un joueur avec de la bouteille. Une expression qui vaut aussi bien au propre comme un figuré. En effet, depuis une dizaine d’années, le Parisien se passionne pour le vin. Une deuxième passion ? « Non ma première, coupait-il en 2011 dans une interview au blog iDealwine. Je dirais que le tennis est mon métier mais que le vin, c’est vraiment ma passion. » Un appétit transmis par son entraineur, Lionel Roux, lyonnais d’origine, qui lui faisait goûter des vins du Rhône. « Mais on est avant tout des passionnés : on achète le vin pour le boire. » En 2012, avec son ami et compatriote Arnaud Clément, ils s’associent même pour ouvrir leur propre bar à vin, à Dijon. Son nom ? Le Dr Wine, qui se veut une enseigne haut de gamme où sont proposés 150 références de vins différentes. Quid de la viande rouge ? « Mon accord mets et vin préférés, c’est tout simplement une côte de bœuf avec un rouge puissant. La Mouline ou la Turque par exemple. Là on est proche de l’orgasme… » Plus ou moins puissant que la sensation de se cacher nu dans un casier ?