Top 10 : les records méconnus du tennis

14 oct. 2015 à 16:31:00

On pensait les 10 237 aces en carrière de Goran Ivanisevic intouchables, et puis Ivo Karlovic est passé par là. Dans le sillage du Croate, focus sur ces records du tennis qui n’appartiennent pas (ou pas encore) aux stars du jeu.

On pensait les 10 237 aces en carrière de Goran Ivanisevic intouchables, gravés dans le marbre des statistiques de l’ATP. Et puis Ivo Karlovic est passé par là et a fait mieux en quasiment deux fois moins de matchs que son aîné. Dans le sillage du Croate, également le plus grand joueur par la taille (2,08m) ayant jamais fréquenté le Top 100, focus sur ces records du tennis qui n’appartiennent pas (ou pas encore) aux stars du jeu.

 

Plus jeune vainqueur d’un titre ATP : Aaron Krickstein, 16 ans et 2 mois à Tel Aviv en 1983

La jeunesse n’ayant pas le vent en poupe dans le tennis actuel, difficile d’imaginer cette marque dépoussiérée de sitôt. De toute façon, le premier « Bollettieri boy » n’en disparaîtrait pas pour autant des tablettes tant il émarge en tête de la plupart des statistiques liées à la précocité : plus jeune joueur à boucler une saison dans le Top 100 (1983, justement), plus jeune à taper à la porte du Top 20 l’année suivante… Le Canadien Felix Auger-Aliassime, le Français Rayane Roumane et l’Espagnol Nicolas Alvarez Varona, soit les 3 prodiges ayant cette saison remporté un match professionnel à l’âge de 14 ans, ont un peu plus d’un an devant eux pour venir le titiller.

On y croit ? Peu. Très peu, même.

 

Plus grand temps de latence entre deux titres ATP : Yahiya Doumbia

Le Sénégalais a laissé s’écouler 7 ans et 7 mois entre ses deux seuls titres ATP, Lyon en 1988 et Bordeaux en 1995. Un record que le contexte de vieillissement de l’élite mondiale devrait amener à voir battu ces prochaines années. A l’heure actuelle, on recense plusieurs vétérans répondant au critère, dont deux présentent des arguments sérieux : Paul-Henri Mathieu, passé à un set de s’approprier ce record en finale à Kitzbühel cet été, huit ans tout juste après son dernier titre (Gstaadt 2007), et Steve Darcis, toujours dangereux dès lors que les blessures le laissent en paix. Vierge de tout titre ATP depuis plus de 6 ans déjà, alors même qu’il fréquente assidûment le Top 30, Jérémy Chardy a aussi déjà fait un bon bout de chemin…

On y croit ? Oui. Assez fort, même.

 

Joueur le plus mal classé ayant battu un n°1 en exercice : Daniel Nestor

Oui, oui, Daniel Nestor, cité dans un record lié au simple. En 1992, le Canadien, alors âgé de 19 ans, est classé 238e mondial lorsqu’il surprend le n°1 mondial en exercice, Stefan Edberg, en Coupe Davis par BNP Paribas (4/6 6/3 1/6 6/3 6/4). Autant dire qu’il sera difficile de faire mieux, tant pareil écart de classement limite les possibilités de confrontation entre ce qui correspondrait aujourd’hui à un joueur du circuit ATP World Tour et un autre de Futures. Seule la Coupe Davis par BNP Paribas ou une wild-card peut très exceptionnellement engendrer ce type d’affrontement (a priori) déséquilibré. De là à ce que la victoire soit au bout pour le Petit Poucet…

On y croit ? Pas franchement.

 

Nombre de participations à des tournois du Grand chelem : Fabrice Santoro (70 entre Roland-Garros 1989 et l’Open d’Australie 2010)

Celui-là va tomber, c’est écrit. Et rapidement, encore. Car le FedExpress est lancé à toute allure : Roger Federer en est à 66 tournois du Grand Chelem disputés en cette fin de saison 2015. Dans un an, si tout va bien, il aura égalé la marque de « Fabulous Fab ». Et à l’Open d’Australie 2017, il l’améliorera. Le tout en ayant mis approximativement quatre ans de moins que le Français pour en arriver là. Et oui : depuis Roland-Garros 1999, le Bâlois n’a raté en tout et pour tout qu’un seul tournoi majeur.

On y croit ? A 99,9%, oui. Sauf séisme de force 9 sur l’échelle du tennis (blessure ou fin de carrière précipitée), ce record sera propriété de Roger Federer dans une quinzaine de mois.

 

Joueur jamais classé dans le Top 10 ayant battu le plus de Tops 10 : Fabrice Santoro

Et oui, encore ! Celui que Pete Sampras surnommait « le magicien » a culminé au 17e rang mondial… ce qui ne l’a pas empêché de battre à 40 reprises des pensionnaires du Top 10, dont une belle brochette de futurs ou ex-n°1 : Becker, Agassi, Sampras, Hewitt, Safin, Rafter, Federer, Roddick, Djokovic… le tout entre 1990 et 2007. Peut-il être battu ? Un homme, un seul, peut y croire : Feliciano Lopez. A 34 ans, l’Espagnol, 12e ATP à son meilleur, affiche 32 succès sur des membres du Top 10 depuis le début de sa carrière.

On y croit ? C’est du 50-50. Signer encore 8 victoires sur des joueurs du Top 10 alors que l’on est dans sa 35e année, c’est une sacrée gageure. A la fin de sa carrière, Lopez devrait se situer dans les mêmes eaux que le Français. Mais un peu devant ou un peu derrière ?

 

Le plus bas classement en carrière pour un finaliste de Grand Chelem : John Marks

Eloignement géographique et mauvais positionnement au calendrier, on ne dira jamais assez à quel point l’Open d’Australie des années 70 avait des airs de grosse occasion pour les seconds couteaux du tennis local. En décembre 1978, c’est John Marks, bon joueur de double mais quelconque en simple, qui saisit son cadeau de Noël : 177e mondial, il s’invite en finale en sauvant au passage une balle de match contre un vieillissant Arthur Ashe en demies. Ce résultat ne lui permettra pourtant jamais d’intégrer le Top 50 ATP, Marks culminant à un anonyme 63e rang.

On y croit ? Faire mieux – ou pire, c’est selon ? Impossible tant le circuit s’est structuré depuis l’époque de Marks. Sans parler d’un barème de points ATP qui envoie minimum tout finaliste de Grand Chelem dans le Top 20.

 

Vainqueur de la Coupe Davis par BNP Paribas au plus mince palmarès : Michael Lammer (2014)

7 matchs gagnés sur le grand circuit en simple, un meilleur classement de 150e, 10 matchs gagnés en double (mais un titre à Gstaadt en 2009) pour un meilleur classement de 213ème: les chiffres font du Suisse Michael Lammer le vainqueur de la Coupe Davis par BNP Paribas au CV le plus « léger » – ce qui n’enlève rien à ses mérites d’avoir apporté des points précieux en barrages du Groupe mondial à la fin 2013 et au premier tour de l’édition victorieuse de 2014. Et la mondialisation toujours plus forte du tennis n’a sans doute pas fini d’amener les cas comme le sien à se multiplier. Rien que la prochaine finale verra Britanniques (Kyle Edmund ou Daniel Evans) et Belges (Kimmer Coppejans) aligner leur lot de joueurs plus rompus aux Challengers qu’aux projecteurs de l’ATP World Tour.

On y croit ? Largement plausible, considérant qu’un pays lauréat présente jusqu’à 5 joueurs officiellement vainqueurs de la compétition. Combien de nations aujourd’hui présentent un vivier de 5 joueurs solides pensionnaires du Top 100 ? 

 

Vainqueur en tournoi le plus tardif : Vince Spadea

Pas le plus âgé, le plus tardif. Celui qui aura attendu le plus longtemps avant d’ouvrir son palmarès sur le circuit principal. En l’occurrence, Spadea affichait 223 participations à des tournois ATP World Tour lorsqu’il a enfin été au bout d’un d’entre eux, à Scottsdale en 2004, alors qu’il approchait à grands pas des 30 ans. Une décennie plus tard, ils sont plusieurs lancés sur ses traces : avec 258 participations à des tournois ATP et encore aucun titre, Julien Benneteau lui prendra ce titre honorifique de joueur le plus persévérant en cas de succès en tournoi d’ici la fin de sa carrière. Le Taïwanais Yen-Hsun Lu, 196 tournois ATP au compteur, pourrait aussi avoir son mot à dire en cas de titre conquis à partir de la seconde partie de saison 2016.

On y croit ? Raisonnablement, oui. Et si ce ne sont ni Benneteau, ni Lu, qui y parviennent, Teimuraz Gabashvili (170), Alejandro Falla (167) et autres Daniel Gimeno Traver (160) sont aussi dans les temps de passage.

 

Vainqueur d’un tournoi ATP World Tour à la première participation

un record que se partagent actuellement quatre joueurs : Yahiya Doumbia (Lyon 1988), Jose Francisco Altur (Saint-Marin 1989), Nicolas Lapentti (Bogota 1995) et Santiago Ventura (Casablanca 2004). La configuration actuelle du circuit principal, avec la désaffection marquée des cadors pour les ATP250, permet d’envisager de voir ce cas de figure se reproduire. A noter toutefois qu’hormis Lapentti, les trois autres sont en grande partie restés les hommes d’un seul tournoi…

On y croit ? Hautement possible, oui.

 

Plus vieux vainqueur d’un titre ATP 

Celui-là n’est pas détenu par un joueur méconnu, plutôt un champion un peu oublié : Pancho Gonzales, prétendant plus que sérieux au titre de « Greatest of all times », et âgé de 43 ans et 9 mois quand il a remporté le tournoi de Des Moines en 1972, cinq mois à peine après être offert un p’tit jeune du nom de Jimmy Connors en finale à Los Angeles. L’un des rares records de longévité que ledit Jimbo n’a pu s’approprier deux décennies plus tard, bloqué à « seulement » 37 ans quand il a soulevé sa dernière coupe, à Tel Aviv en 1989. Pour voir un Roger Federer s’approprier cette marque, il faudrait que le Suisse triomphe sur le circuit vers le milieu de saison 2025.

On y croit ? A peu près autant qu’à la possibilité de voir le Suisse battre le total de 109 titres de Jimmy Connors recensé par l’ATP.

 

Par Guillaume Willecoq

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