Open d’Australie et finale du Queen's : par deux fois cette année, le grand blond est entré dans une colère noire, synonyme de défaite. Forfait pour la Coupe Davis par BNP Paribas cette semaine, David Nalbandian, pour qui le jeu est inconcevable sans passion, a accepté de revenir sur ces deux épisodes malheureux.
En janvier, lors du second tour de l’Open d’Australie, face à John Isner, vous vous êtes chauffés avec l’arbitre français Kader Nouni (il était revenu sur la décision d’un de ses arbitres de ligne qui avait annoncé faute un service d’Isner et a ensuite considéré que l’Argentin avait demandé son « challenge » trop tardivement, Ndlr). Alors que vous aviez trois balles de break, le match vous a finalement échappé…
On fait tous des erreurs et la seule chose importante c’est d'apprendre, de les accepter et d’essayer de les corriger. J’essaie de passer outre ma colère assez rapidement, parce que si je ne tourne pas la page, je n’avance plus. Voilà, c’est du passé, même si je regrette de ne pas avoir pu voir avec le hawk-eye, s’il avait raison ou pas…
John McEnroe a déclaré: « Cet arbitre ne devrait plus avoir le droit d’arbitrer ». Est-ce également votre avis ?
Tout comme nous faisons des erreurs, les arbitres en commettent également. Moi, quand je me trompe, je le reconnais. Ce n’est pas toujours le cas des arbitres.
Vous connaissez McEnroe ? Vous sentez-vous proche de lui, de son caractère enflammé ?
Il m’est arrivé de le croiser parfois sur le circuit, au fil des ans. Je suis quelqu’un au tempérament fort, je donne tout sur un court et je commets parfois des erreurs, comme cela peut arriver à tout le monde.
Depuis qu'il a pris sa retraite, le tennis mondial n’a plus connu de joueurs de caractère comme lui, tout semble beaucoup plus "aseptisé" dorénavant…
(Très tranchant) Je n'ai pas d'opinion sur le sujet.
En général, on dit qu’avec l'expérience vient la sagesse. Mais vous n’avez pas changé, vous ne semblez pas connaître la demi-mesure...
C'est vrai, je suis toujours le même, et je le resterai. Peut-être que dorénavant je réfléchis un peu plus en dehors du court, mais quand je joue, je ne peux pas aller contre ma nature.
Que s’est-il passé en finale du Queen's ? Quand vous donnez le coup de pied dans le petit panneau où se trouve le juge de ligne, il reste encore beaucoup de temps à jouer et vous avez un set d’avance…
C'est bien simple, je me suis trompé, c’est venu comme ça et j’ai immédiatement présenté mes excuses. Je n’ai voulu blesser ni manquer de respect à personne. J’ai commis une erreur, j’ai été sanctionné et cela va certainement m’aider à évoluer.
Comment expliquer cette perte de contrôle ?
Cela dure à peine un millième de seconde. C’est quelque chose d’inexplicable qui s’est passé juste après avoir perdu ce point. Voilà, c’est fini.
Vous regrettez ?
Oui, bien sûr, c’est pourquoi j’ai immédiatement présenté mes excuses.
D'où vient votre personnalité sans concession ?
Cela a probablement à voir avec mes gènes (Sourire). Le mix de sang arménien et italien de mes parents a sûrement beaucoup à voir là-dedans !
Les sportifs argentins ont toujours l’air plus passionnés...
Je ne conçois aucune activité sans passion. Cela ne veut pas dire qu’il faille être violent ou agressif. La passion, lorsqu’elle est bien maîtrisée, est un ingrédient essentiel pour se lancer dans n'importe quelle activité.
Propos recueillis par Florent Torchut