Il y a tout pile 20 ans, sur un court annexe de Wimbledon, Jeff Tarango demandait aux spectateurs de fermer leur bouche avant de foutre le camp en plein match en le traitant l'arbitre de chaise Bruno Rebeuh de corrompu. Quelques minutes plus tard, ce même samedi 1er juillet 1995, la femme de Tarango giflait l'arbitre en coulisses. Si aujourd'hui, ça ne se fait plus de quitter la fête en claquant la porte, voici 10 exemples fameux sorties de court tapageuses.
Partir furax sans ses affaires, et envoyer ensuite un cadeau
« Je ne veux pas jouer contre un cocu pareil ! ». Wimbledon 1924, Center Court : souffrant de voir le Sud-Africain Ivie Richardson multiplier les bandes, Nicolae Mishu sort de là comme une fusée, façon dessin animée ! L'artiste roumain avait déjà quitté le court pour moins que ça, un terrain trop arrosé ou un ramasseur de balles trop mou. Là, il en oublie même ses affaires ! Avant de quitter Londres cependant, les nerfs enfin maîtrisés, il envoie un petit présent à Richardson pour excuser sa mauvaise humeur. Le cadeau ? Une cartouche de cigarettes !
Partir comme un prince
Queen's, juin 1972. Charismatique à mort, le Portoricain « Pancho » Gonzales n'avait sans doute pas prévu qu'on lui tienne tête. Lors de sa demi-finale l'opposant au Britannique John Paish, Gonzales demande le changement de certains juges de ligne après plusieurs litiges. En vain. Ni une, ni deux, Gonzales a préféré quitter les lieux...
Partir avant la fin et gagner quand même
Le cas est très certainement unique dans l'histoire. Masters 1975 à Stockholm, 4-1 dans le troisième set pour Arthur Ashe face à Ilie Nastase. C'est là que le Roumain commence son numéro. Nastase efface une balle de break par un ace, Ashe ayant été déconcentré par une balle restée sur le terrain. Nastase en profite pour se moquer : il prend plus d'une minute pour servir le point suivant. « Are you ready Mister Ashe ? ». La phrase est répétée plusieurs fois, et Ashe, n'en pouvant plus, quitte le court ! Comme le règlement prévoit de disqualifier tout joueur quittant le court en pleine partie, les organisateurs pensent d'abord sanctionner les deux hommes. Mais vu l'attitude de Nastase, c'est finalement l'Américain qui est déclaré vainqueur.
Partir à un jeu de la fin pour gâcher le plaisir de l'adversaire
Demi-finale du tournoi de Rome 1975, l'un des matches les plus importants de la saison d'Ilie Nastase, le finaliste sortant. Mais le Roumain digère mal, semble-t-il, l'impolitesse d'un Raul Ramirez arrivé sur le court avec 40 minutes de retard... A 6/2 5-2 pour le Mexicain, Nastase serre la main de tout le monde et quitte le Central, invoquant un fantaisiste nœud d'estomac. Quelques minutes plus tard, Nastase jouait en double avec Jimmy Connors sur un autre court...
Partir parce qu'on n'a tout simplement plus envie de jouer
D'aucuns trouveront ça lâche, irrespectueux, moche. On peut y voir aussi l'expression d'une immense liberté, sentiment plutôt rare dans le monde si réglementé du sport. Quart de finaliste à Roland-Garros en 1991, l'Argentin Franco Davin a décidé de mettre un terme à sa carrière en plein premier tour des qualifications du challenger de Barletta en mars 1997.à un set partout, le futur entraîneur de David Nalbandian range ses affaires et laisse la victoire à Tom Vanhoudt. Raison invoquée : « Subitement, je me suis rendu compte que je n'avais plus envie de jouer. »
Partir après s'être disputé avec son partenaire de double
Il paraît qu'il vaut mieux être amoureux de sa (ou son) partenaire pour bien jouer en mixte. Ce n'était pas du tout le cas de Ken Flach et de Patty Fendick, qui n'ont fait équipe qu'une seule et unique fois, à l'US Open 1990. Ken Flach, ce voyou à la nuque longue, qui avait « volé » un point capital à Leconte et Noah en finale du double en 1985. Sommé par Fendick de moins contester les décisions d'arbitrage, il a cette fois préféré tout laisser en plan en plein premier tour.
Partir parce qu'on ne supporte plus l'arbitre
Cinquième set de la demi-finale entre Ivan Lendl et Jimmy Connors à Boca West en 1986, l’ancêtre de l'actuel Masters 1000 de Miami. Comme l'arbitre de chaise Jeremy Shales n'a pas voulu se laisser intimider par la grosse contestation de Connors à 3-2, balle de break, Connors a tenté de lui faire les gros yeux. Point de pénalité. L'Américain est devenu encore plus fou et a commencé à l’insulter. Jeu de pénalité, 5-2 pour Lendl. Connors fait son sac et quitte le court - ironie suprême - en serrant la main de l'arbitre. 21 jours de suspension pour l'Américain qui manquera toute la saison sur terre battue.
Partir parce qu'on ne supporte plus l'arbitre (bis)
Le dernier cas de claquage de porte à ce jour dans un tournoi ATP date de juin 2008. Match de double à Nottingham : le service de Chris Haggard est annoncé dehors, son coéquipier Dmitry Tursunov engage alors un bras de fer perdu d'avance avec l'arbitre, qui ne reviendra pas sur sa décision. Sévérité à tous les étages : disqualifié également en simple, Tursunov a été privé de son prize-money et a dû payer sa chambre d'hôtel.
Partir pour survivre
En Coupe Davis, le public sud-américain a remporté sans surprise le prix des tribunes les plus intimidantes. Plus calmes aujourd'hui, les spectateurs brésiliens avaient poussé Thomas Muster à « foutre le camp » lors d'une rencontre de barrages en 1996. Jets de pierre, insultes, hurlements... « Je me sentais en danger de mort », expliquera l'Autrichien, qui pensait que son équipe pourrait gagner la rencontre sur tapis vert. Ils furent au contraire sanctionnés.
Partir sous la pression du public
1976 et 1978 à Rome - époque tifosis déchaînés - deux adversaires d'Adriano Panatta ont jugé plus prudent de partir et de laisser la victoire à la star italienne. Harold Solomon en 1976, et Jose Higueras en 1978. Ce dernier plie après avoir vu voler des bouteilles de bière en sa direction... L'arbitre de chaise, Bertie Brown, avait lui aussi quitter les lieux… quelques minutes plus tôt. Benvenuto !
Par Julien Pichené