Wimbledon : 50 nuances de blanc

26 juin 2015 à 09:51:08

Face au dress code très strict du All England Lawn Tennis and Croquet Club, joueurs et joueuses ont tenté de trouver la parade. Avec plus ou moins de succès...

Face au dress code très strict du All England Lawn Tennis and Croquet Club, qui le circuit retrouvera à l’occasion du Grand Chelem de Wimbledon la semaine prochaine, joueurs et joueuses ont tenté de trouver la parade. Avec plus ou moins de succès...

 

1- Gussie Moran

 

Gussie Moran est la première joueuse de l’histoire à faire parler d'elle pour sa tenue à Wimbledon. Sorte de Kournikova avant l'heure, l'étoile filante californienne débarque lors de l'édition 1949 avec une jupe courte. Problème : à l'époque, la tradition veut que les femmes portent des jupes longues. Excitation chez les photographes, qui cherchent les meilleures prises de vues pour attraper des clichés de sa culotte à froufrous de dentelle. Stupeur, en revanche, sur le All England Club. Le comité d'organisation du tournoi parle « de vulgarité et de pêché dans le tennis ». Le sujet est même soulevé au Parlement. L'origine du mal ? Avant le tournoi, "Gorgeous Gussie" avait simplement demandé la permission de porter une tenue de couleur. Permission refusée. Elle avait donc opté pour une jupe courte, imaginée par Teddy Tinling. La suite ? Une défaite au troisième tour, quelques regrets, quelques résultats en double, trois mariages ratés, un peu de cinéma, de radio et une de fin de vie sinistre, d'aides sociales, dans un petit appartement délabré d'Hollywood.

 

 

2- Le white bra-gate

 

A l'été 2014, le ton monte à Wimbledon. Et c'est Pat Cash, en habitué des bandanas à couleurs, qui prend la parole devant les micros de la BBC : « Plusieurs filles ont été priées de se changer avant de monter sur le terrain et de laisser au vestiaire soutien-gorges et brassières comportant une note colorée. Certaines n'avaient pas de lingerie de rechange totalement blanche et ont tout simplement dû jouer sans. C'est vraiment absurde ». Le début de ce qu'on appellera plus tard le "white bra-gate". Mais on ne rigole pas avec la tradition au All England Tennis and Croquet Club. En guise de réponse, le boss Andrew Jarrett se contente de faire parvenir une lettre à l'ensemble des joueuses, dans laquelle il explique laconiquement que « les sous-vêtements de couleur peuvent apparaître à la vue lors de mouvements ou de déplacements ». Et le règlement est formel : seule une fine ligne de couleur de 1 centimètre au maximum est tolérée... « Je pense que c'est bizarre de vérifier sous ma jupe pour voir si j'ai des sous-vêtements blancs », avait rétorqué à l'époque la Tchèque Barbora Zahlavova-Strycova. Bien envoyé.

 

 

3- Le cauchemar de Benoit Paire

 

La relation tortueuse qui lie le français Benoit Paire au tennis a pris un drôle de tournant lors de l'édition 2013 de Wimbledon. Avant même que la compétition ne débute, Lionel Zimbler, son coach, est prié de quitter les terrains d'entrainement. La faute en question ? Une veste noire, contraire au dress-code londonien. « Déjà, on commence et mon entraîneur se fait sortir parce qu'il était tout en noir! Ils lui ont dit: 'Toi, tu sors du terrain'. Donc pas le choix: il est sorti! », rigole Benoit Paire, amère. Ensuite, lors de l'entraînement, le joueur, visiblement agacé, balance sa raquette par terre. Ce qui ne passe pas non plus inaperçu : « Ça a fait vraiment une toute petite fissure sur l'herbe, deux centimètres, pas plus. Et là, la personne qui s'occupe des terrains l'a prise en photo et l'a envoyée par mail à Gerry Armstrong, le juge-arbitre ! Du coup, j'ai été convoqué dans son bureau ». Quand rien ne va... Mais ce n'est pas tout : lors du troisième tour, face à ?ukasz Kubot, Paire, toujours tendu, casse sa raquette. Verdict : une amende de 1000 dollars. Conclusion du Français, finalement éliminé en quarts : « Je n'ai qu'une envie, c'est partir d'ici et prendre des vacances. Honnêtement, je n’aime pas Wimbledon. » Tout ça pour une histoire de veste noire...

 

 

4- Les semelles de Roger

 

Le diable se cache dans les détails, dit-on, pour Federer, les emmerdes se cachent sous ses baskets. En 2013, le septuble vainqueur se pointe à Wim' avec ses nouvelles baskets Nike, les Zoom Vapor 9 aux semelles orange. Mais même le roi Roger n'a pas droit aux privilèges. On le prie illico de changer de chaussures, la faute aux semelles de couleur. Une victoire pour Nike, le modèle est très vite en rupture en stock. Une défaite pour Federer, battu au deuxième tour du tournoi par Serhiy Stakhovsky. Mais Roger n'est pas seul. Juan Martin Del Potro aussi a vécu la même affaire, la faute à des semelles noires. Quant à Serena Williams et Maria Sharapova, c'est leur shorty orange sous leurs jupes qui ont fait parler. Après quelques remous, elles font finalement été autorisées à les porter grâce à la jurisprudence Golovin, qui avait été la première joueuse à tenter le port de ce sous-vêtement. En 2007, la Française avait dû attendre d'avoir l'aval du juge arbitre pour entrer sur le court et jouer le match. Le porte-parole du tournoi, à l'allure prude, avait déclaré pour se justifier : « S'ils ne dépassent pas du bas de la robe, ce sont des sous-vêtements et non un short ».

 

 

5- La tenue intégrale d'Anne White

 

Premier tour de Wimbledon 1985, l'américaine Anne White se présente face à Pam Shriver, tête de série numéro 5. Fin de l'échauffement, elle retire son survêtement, et laisse le public découvrir une drôle de combinaison, sorte de pièce futuriste, en lycra. Une manière de jouer avec la règle et de contourner les réglementations vestimentaires contraignantes plutôt amusante ? Pas pour tout le monde. Alors que la rencontre est arrêtée en soirée à une manche partout, l'arbitre sermonne Anne White de revenir le lendemain avec une tenue plus aquédate. Il n'est pas le seul à se plaindre. Une fois le match gagné en trois sets, Pam Shriver déclare dans la foulée que le costume de son adversaire l'a déconcentré. En prime, elle demande aux responsables du tournoi d'interdire ce genre d'extravagances. Combat perdu pour Anne White, qui porte décidément mal son nom.

 

 

Par Antoine Mestres

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