Un après l’ouragan Irène à New York, il a encore plu des cordes la semaine dernière à l’US Open. Les problèmes liés au climat posent la question des toits sur les courts annexes. Retour sur un phénomène qui ne date pas d’hier et commence à prendre des proportions considérables…
1/ Roland-Garros 1973
L’année de l’introduction du tie-break à Paris. Alors que le tournoi avait été plutôt ensoleillé, la finale fut reportée, non pas d’une journée comme cette année, mais de deux ! Il n’était pas encore question de toit. Le match d’une vie un mardi, c’en était trop pour le Yougoslave Nikola Pilic. Le fait de ne pouvoir jouer pendant deux jours avait cassé sa dynamique. Vainqueur de Dent, de Bertolucci, de Panatta, le jeune impétrant n’avait pas su gérer l’attente. Plus expérimenté, vainqueur de l’US Open l’année précédente Nastase l’emporte dans une des finales les plus faciles de l’ère Open (6-3, 6-3, 6-0).
2/ Open d’Australie 1976
Les Internationaux d’Australie ont encore lieu à Kooyong et peu d’étrangers s’y rendent en cette fin d’année. Le tournoi porte bien son nom. Les quarts de finale opposent huit joueurs locaux. Rosewall et Newcombe crachent leurs derniers feux mais c’est l’improbable Mark Edmondson qui gagne et bat les deux légendes lors des deux derniers tours. Une fin de tournoi insensée puisque disputée sous la chaleur et des bourrasques de vent terribles qui obligeront les organisateurs à interrompre deux fois la finale. Edmondson, 212ème mondial, reste à ce jour le plus mal classé des vainqueurs d’un Grand Chelem.
3/ Wimbledon 1991
Même si Agassi revenait après trois ans de boycott, même si ce fut l’année des Allemands avec Graf chez les femmes et Stich-Becker chez les hommes, cette édition restera comme la première où l’on joua durant le middle Sunday. La pluie empêcha tout match le lundi, ce fut un peu mieux le mardi et à peine le mercredi (18 matchs seulement, Ndlr). 73 heures ont été nécessaires à Stefan Edberg pour finir son match du premier tour. Alors même si Wimbledon est « bigger » que le tennis, on joua le dimanche. « On n’avait pas de tickets, pas de sécurité, pas de restauration et très peu de ramasseurs de balles. Mais on ne pouvait pas faire autrement, on avait joué que 52 des 240 matchs prévus. Heureusement, ce dimanche fut ensoleillé », raconte après-coup Chris Gorringe, le directeur exécutif du All England Club. En 1997 et 2004, le tournoi anglais sacrifia de nouveau à la tradition.
4/ Open d’Australie 2009
La pluie à Londres, les tempêtes à New York et le cagnard à Melbourne. Arrivés, pour la plupart, de l’hémisphère nord, les joueurs souffrent d’insolation au moment de l’été austral. Il n’est pas rare qu’ils doivent jouer sous des températures élevées, entre 40 à 45 °C. Cette année-là, Marion Bartoli finit en lambeaux contre Zvonareva : « Mes pieds et ma bouche me brûlaient ». Novak Djokovic, lui, avait dû rendre les armes en quart de finale contre Andy Roddick malgré le toit et l’air conditionné à l’intérieur, devenu vital avec l’effet de loupe du soleil.
5/ Flushing Meadows 2003
Drôle d’année pour le tennis américain. Sampras a achevé sa carrière l’année d’avant en gagnant un quatorzième Grand Chelem à New York. Andre Agassi vit ses dernières fulgurances. Et Andy Roddick, 21 ans, gagne son premier - et finalement unique - Majeur. Une époque charnière où on commence à déplorer l’absence de toit sur les courts annexes. Le tournoi junior s’achève à l’arrache et les doubles sont purement et simplement ajournés.
6/ Flushing Meadows 2011
Irène, l’ouragan annoncé comme historique s'est finalement transformé en tempête tropicale à l'approche de New York. Il a produit des vents de plus de 100 km/h, abattu des arbres, causé des inondations et entraîné des coupures de courant localisées. S’il n'a pas fait de victime dans la plus grande ville des Etats-Unis, 370.000 New-Yorkais ont été évacués à titre préventif. Les participants aux Internationaux des Etats-Unis sont eux sagement restés à l’hôtel. Au total, Irène a entraîné l'évacuation de près de deux millions de personnes, a causé des milliards de dollars de dégâts mais n’a que peu perturbé le programme de l’US Open. Un miracle…
7/ Roland-Garros 1976
Un nombre record d’abandons en cette année de grande sécheresse. Il faut dire que le thermomètre est monté jusqu’à 34,1°C sur Paris en ce mois de juin. Comme si cette édition préfigurait l’été tellurique qui allait suivre. Un symbole ? La victoire de Björn Borg en 1/8ème de finale sur François Jauffret (6-4, 6-2, 3-6, 4-6, 10-8) en 4h 30. Au tour suivant, le double tenant du titre, un dur au mal comme pas possible, tombait contre Adriano Panatta. Une de ses deux seules défaites à Paris.
8/ Wimbledon 2007
Peu d’éditions du Grand Chelem anglais échappent à la pluie. Celle de 2007 est particulièrement chargée. Rien de mieux que de se faire une barquette de fraises à la crème pour patienter. La première semaine permet ainsi aux organisateurs de battre un record de ventes de Strawberries and Cream. Même les traditions trinquent. L’organisation sacrifiera le middle Sunday, dimanche de la première semaine, où par tradition on ne joue pas, sur l’autel d’une belle éclaircie. Wimbledon 2007 finit par ressembler à un Masters Series où on joue tous les jours et à la fin ce sont toujours Roger Federer et Venus Williams qui finissent par s’imposer.
9/ Wimbledon 1976
L’année de la sécheresse. Une des sept fois (1931, 76, 77, 93, 95, 2009, 2010) où il n’y a pas eu une goutte de pluie du tout sur le tournoi londonien. En 1976, la vénérable institution permettait de déroger à la règle en accordant plus de temps de pause entre les points, et lors des changements de côté. Il faisait 30° C à l’autre bout du Channel, et ça, là-bas, personne n’y était habitué…
10/ Roland-Garros 2012
Printemps-été 2012 tout pourri. Les quatre saisons en une même journée à Paris. Comme le tournoi de la porte d’Auteuil n’a pas encore de toit (il faudra attendre 2017, Ndlr), on sort les bâches. Dérisoire. Sans la pluie, Novak Djokovic aurait peut-être réussi l’impensable : battre Rafael Nadal à Paris et lui remonter deux sets. Au lieu de quoi, la pluie a sauvé l’Espagnol et la finale s’est déroulée sur deux jours. Avec le résultat attendu. Too bad…
Par Rico Rizzitelli