Qu’est devenu Younès El Aynaoui ?

9 mai 2012 à 12:56:18

Qu’est devenu Younès El Aynaoui ?
Militant associatif, directeur sportif du club de tennis allemand d’Erfurter et conseiller politique du ministre des Sports marocain, Younès El Aynaoui est un homme très occupé. Un jeune retraité lucide et libéré des...

Militant associatif, directeur sportif du club de tennis allemand d’Erfurter et conseiller politique du ministre des Sports marocain, Younès El Aynaoui est un homme très occupé. Un jeune retraité lucide et libéré des contingences du sport de haut niveau, profitant aujourd’hui pleinement de sa nouvelle vie de famille. Car c’est pour elle qu’il a tout arrêté. Et il ne regrette absolument pas son choix. Bien au contraire…

Janvier 2010. Younès El Aynaoui, 38 ans, la chevelure mi-crépue, mi-dreadlocks, vient de concéder sa dernière balle de match  – une défaite surprise face au Belge Steve Darcis, au Khalifa Tennis Complex de Doha. Un départ sur la pointe des pieds, sans larmes ni grands discours. « Je n’ai pas choisi d’arrêter sur un coup de tête, sur un match, comme certains » confie cet immense serveur des hauts de l’Atlas. « Mon plus jeune fils était présent, se souvient-il, c’était très sympa. Il n’a pas souvent vu son père jouer au tennis ». C’est décidé, sur « ordre » du petit dernier, de ses deux autres garnements et de son épouse, la légende du tennis marocain met définitivement un terme à une longue carrière de plus de 20 ans.   Au bilan plus qu’honorable : cinq titres ATP, un total moins flatteur de onze finales perdues mais la consécration médiatique obtenue avec le record du 5e set le plus long de l’histoire, face à Andy Roddick lors de l’Open d’Australie 2003 (21-19). Ce jour-là, John McEnroe dira que « c'était le plus beau match qu'il ait vu de toute sa vie ». Cette retraite, ce fut d’abord une décision collective. « À la maison, la famille n’attendait que ça », avoue ce chef de clan, soulagé, ravi de débuter sa nouvelle vie de « monsieur tout le monde », loin des hôtels et des aéroports. « Les restos et les voyages ne me manquent pas du tout. J’ai passé l’âge. Puis, avec ma carcasse (1m93, ndlr), rester assis dans un avion était quelque chose d’assez pénible ». Installé confortablement à Nancy, il prend aujourd’hui le temps d’élaborer un programme à sa mesure : repos, calme et volupté lorraine pour celui qui a goutté aux charmes de la Floride, de Vienne, de Bordeaux, de Bruxelles et des sunlights de Barcelone durant les sept dernières années de sa carrière. Retiré du circuit ATP depuis deux ans, El Aynaoui est aujourd’hui conseiller du ministre des Sports du Maroc. En coulisse, il s’efforce au travers de différents projets sociaux-sportifs de (re)donner quelques couleurs au tennis africain. Côté court, Younes a frôlé le burnout : « J’étais content que ça se ça s’arrête ! ».
« Une blessure et les gains s’arrêtent »
Puis, il y a un mythe à déconstruire. Celui de l’argent et de la retraite du sportif du haut niveau,  du parachute doré que tout le monde imagine. « Financièrement ? Ouais, ça va. Mais je n’ai pas gagné des mille et des cents ». Il faut dire qu’au tennis, durant leurs carrières, seuls les 100 premiers joueurs mondiaux peuvent s’offrir le luxe et les services d’un entraîneur personnel. Pour les autres, inutile d’évoquer la venue d’un kiné ou bien même d’un préparateur physique attitré. La petite balle ne bouffera jamais la grosse. « Ce n’est pas comme au football, le joueur de tennis est rémunéré à la performance. Une blessure et les gains s’arrêtent net ! Et n’oublions pas que les frais sont à sa charge : hôtel, avion, personnel, etc. »   Cette pression permanente, « effroyable » précise-il, Younes ne la regrette définitivement pas. Il aime tout autant se pavaner sur le circuit sénior avec ses anciens potes. Comme un retour aux sources de la sagesse et du beau jeu : « C’est génial de jouer entre vieux. L’ambiance est excellente. Börg, Stefan Edberg et Safin jouent encore l’acier. Par contre, Guillermo Vilas n’est pas bon du tout (Rires). Je ne sais pas, mais sa balle ne dépasse pas le carré de service ». Les copains d’abord, en somme. « Les potes, c’est vraiment ce qui me manque le plus. Le circuit ATP est une grande famille, ce n’est pas un mythe ». Physiquement, le Marocain est encore en pleine forme. Affuté et discipliné, il lui en faudrait peu pour tenter un come-back audacieux. « Mon service dépasse encore les 200 km/h. Sur un match, je ne serais pas ridicule. Un retour m’a déjà traversé l’esprit. » Et les enfants, ils en pensent quoi ? Tous propos recueillis par Victor Le Grand    

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