« Je suis un meilleur joueur qu’en 2017 » - Dimitrov reprend son envol

14 févr. 2024 à 16:13:46 | par Mathieu Canac

Après une fin de saison 2023 brillante, Grigor Dimitrov ne s’est pas éteint début 2024. Il a remporté le titre à Brisbane, son premier depuis 2017, en janvier avant d’atteindre la finale à Marseille en février pour confirmer son retour sur le devant de la scène.

« Gagner un tournoi du Grand Chelem a toujours été l’un de mes objectifs, l’un de mes rêves. Maintenant, doucement, je pense que les choses sont en train de se mettre en place. »

Au moment de ces mots, Grigor Dimitrov vient de gagner le Masters et de grimper au 3e rang mondial, derrière Rafael Nadal et Roger Federer, pour boucler l’année 2017. Il a alors 26 printemps, et s’affirme comme l’un des membres de la nouvelle vague potentiellement capable de régulièrement faire boire la tasse à un Big 4 envisagé  sur le le début du déclin en raison de l’âge : Federer a 36 balais, Nadal 31 ans, Novak Djokovic et Andy Murray sont trentenaires. La question à un million est d’ailleurs posée au Bulgare : « Pensez-vous que nous sommes en train d’assister à un changement au sommet du tennis masculin ? »

Fin 2017, l’apogée

« L’année prochaine (2018) va être intéressante, surtout le début, a-t-il répondu. Mais je ne veux pas penser à ça maintenant. Ça fait déjà parler depuis un petit moment. Il y a toujours des noms qu’il ne faut jamais écarter, et certains vont revenir (Novak Djokovic et Andy Murray étaient blessés à cette époque). Je veux juste me concentrer sur moi, mon travail, ce que je dois améliorer pour espérer les battre quand je les affronte. J’ai besoin d’être plus consistant dans ce genre de match, plutôt que sur ‘Est-ce que je fais partie de ces gars (capables de renverser le Big 4)?’ Je dois garder les pieds sur terre et continuer à bosser dur. » Ça n’a pas suffi.

S’il est resté un modèle de travail - « Tu es un exemple pour moi depuis des années au niveau professionnel », lui a d’ailleurs lancé Ugo Humbert lors de la remise des trophées à Marseille -, Dimitrov n’est jamais allé plus haut. Nadal, Federer, Djokovic ont continué à être plus forts que les rides - Murray, version hanche en métal, n’a, lui, pas pu retrouver son tout meilleur niveau - et des rivaux plus jeunes lui sont passés devant. En 2018, 2019 et 2020, le natif de Sofia a terminé hors du top 10 - 19e, 20e, 19e -, puis au-delà de la 20e place les deux années suivantes, 28e. Sans soulever le moindre trophée depuis son sacre au « tournoi des maîtres ».

2020, frappé par le covid

Pourtant, fin 2019, avec une demi-finale à l’US Open suite à son premier succès en huit duel contre Federer, puis une autre à Paris-Bercy où seul Djokovic a pu le stopper, Grigor semblait parti pour redevenir « Dimitrofor ». Le covid l’a stoppé. De deux façons : en mettant le circuit à l’arrêt début 2020, puis en le frappant. Sévèrement. « Oui (j’ai même été hospitalisé), a-t-il répondu à L’Équipe fin juillet 2020, un mois après avoir été contaminé par le virus. J’ai perdu trois kilos. J'étais K.-O. J'ai perdu beaucoup de mes facultés en cardio. J'ai perdu beaucoup de choses. Je ne respirais pas bien. » « Revenir à la normale va prendre du temps, avait-il même confié à Tennis Majors. J’espère me remettre complètement et retrouver un jour le plus haut niveau. »

Petit à petit, il y est parvenu. En se reconstruisant, pierre par pierre, un physique qui a toujours été l’un de ses points forts, et dont il a régulièrement loué les qualités en fin de saison dernière. En prouvant, sur le court, qu’il était parmi les meilleurs du circuit sur ce plan. Fin 2023, Dimitrov a enchaîné : demi-finale à Chengdu (ATP 250), quart de finale à Pékin (ATP 500), demi-finale à Shanghaï (Masters 1000) - en battant Carlos Alcaraz au passage - et finale à Paris-Bercy (Masters 1000) pour retrouver le top 20. Puis, dès début janvier 2024, la consécration. Il a remporté le tournoi de Brisbane, son neuvième titre en simple sur le circuit principal, le premier depuis le Masters 2017. Abnégation et travail ont porté leurs fruits, et il a pu savourer.

Depuis fin 2023, le retour sur le devant de la scène

« Je ressens beaucoup d’émotions, s’est exprimé le joueur de 32 ans en conférence de presse. Gagner à nouveau un titre, ça signifie beaucoup pour moi. Ce que je fais sur et en dehors du court depuis quatre, cinq mois paye. Je me concentre sur ce que je dois faire au quotidien : comment je dois m'entraîner, comment je dois dormir, comment je dois manger, quel genre de travail physique je dois faire. » Au point de se sentir encore meilleur que lorsqu’il était sur le podium du classement ATP. « Je pense que je suis un meilleur joueur qu’en 2017, a-t-il répondu devant les journalistes. J'ai dû modifier mon style, pour trouver une façon différente d'affronter les nouveaux gars puissants. J'ai affronté plusieurs générations. Très souvent, j'ai dû réfléchir à la façon de faire évoluer mon jeu : comment être plus agressif, se concentrer davantage sur l'amélioration du service et du revers. »

Tout en étant encore plus juste tactiquement. « Le tennis est un sport très difficile, il faut aussi savoir être intelligent pour trouver ce qu’il faut faire au bon moment, a-t-il expliqué après son succès contre Alcaraz à Shanghai. Par moments, j’ai vraiment dû ralentir le jeu, être plus rationnel dans mes décisions, trouver comment créer certaines situations, où servir etc. Je crois avoir assez d'outils dans mon sac pour choisir le bon quand j'en ai besoin. » Jouer complet, capable de tout faire, Grigor Dimitrov a grimpé au 13e rang de la hiérarchie planétaire après Brisbane. Son meilleur classement, conforté par sa finale à Marseille, depuis octobre 2018. De quoi renouer avec son « vieux » rêve.

Gagner un titre du Grand Chelem, le rêve toujours présent

« Si ces choses (la façon de s’entraîner, et de jouer) continuent à bien fonctionner, qui sait ce que l’avenir me réserve ? », a-t-il déclaré à Brisbane. Un nouveau coup d’éclat en Grand Chelem ? Voire plus ? « Maintenant, (mon objectif), c’est de gagner un titre du Grand Chelem, avait-t-il révélé pour Tennis Majors fin 2021. Une fois que tu as été si proche d’un but ultime, c’est toujours ce qui va te hanter après. Je dirais que c’est probablement la dernière pièce du puzzle pour moi. Remporter un (titre du) Grand Chelem, ce serait une manière de me sentir légitime. Je n’ai jamais voulu le voir de cette façon, parce que ce n’est pas le mieux pour l’estime de soi, mais c’est aussi ce qui maintient la flamme en moi. »

Et peu importe s’il ne venait pas à trouver cette dernière pièce. Même avec un trou, le puzzle de sa carrière est déjà magnifique. Au point de pouvoir de pouvoir inspirer les plus jeunes, comme Ugo Humbert.

 

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