Les finales de Coupe Davis en 25 anecdotes

19 nov. 2014 à 15:29:29

Chaque finale de Coupe Davis par BNP Paribas a son histoire, faite de coups bas, de public lyncheur ou de corps patraque. A l’occasion de la finale France-Suisse de ce week-end, voici une sélection des meilleures anecdotes parmi des centaines…

Chaque finale de Coupe Davis par BNP Paribas a son histoire. Pêle-mêle, des coups bas à Bucarest, un public lyncheur à Barcelone, des esprits qui s’échaudent à Cincinnati ou un corps patraque qui ressuscite soudainement à Lyon. A l’occasion de la finale France-Suisse de ce week-end, voici une sélection des meilleures anecdotes - période ère moderne - parmi des centaines…

 

1972 – Etats-Unis / Roumanie 3-2 (Bucarest)

 

« Un monument d’anti-sportivité ». « La Coupe Davis nous a rappelé les heures les plus sombres de la Coupe d’Europe de football ». Petite revue de presse d’un week-end durant lequel les deux filous Tiriac et Nastase ont presque magnifié l’antijeu, chauffant sans cesse leur public avant de s’octroyer parfois cinq minutes d’arrêt entre deux points pour attendre le retour au calme. Incroyable, mais vrai. Les Américains sont repartis vainqueurs mais scandalisés, et Tiriac a été suspendu deux mois.

 

1975 – Suède / Tchécoslovaquie 3-2 (Stockholm)

 

Voyez comment la Coupe Davis a transformé notre champion le plus timoré ! Björn Borg, « Ice Borg », a fêté ici sa victoire décisive sur Jan Kodes en dansant une polka sur le court de la Kungliga Tennishallen.  Même sa quinte majeure à Wimbledon ne l’a pas autant débridé.

 

1977 - Australie / Italie 3-1 (Sydney)

 

3-1 pour l’Australie, tout est donc plié, mais Tony Roche et Corrado Barazzutti doivent  bafouiller une ultime rencontre pour du beurre et pour le public. Merci la nuit, qui met fin à la mascarade à 12 jeux partout au premier set ! Evidemment le lendemain, personne n’a jugé utile de poursuivre, si bien qu’on tient là le seul et unique « match nul » vu dans une finale.

 

1978 – Etats-Unis / Grande-Bretagne 4-1 (Rancho Mirage)

 

On prévoit 18° sur le court ce week-end. C’est peu, mais il faudrait vraiment que la chaufferie du stade Pierre Mauroy soit foutue pour qu’il fasse encore plus frais qu’en décembre 1978 à Rancho Mirage, Californie. Finale disputée en outdoor, drôle de choix, où, le vendredi, Brian Gottfried et Christopher Mottran ont terminé le deuxième simple par une température de 4°…

 

1979 – Etats-Unis / Italie 5-0 (San Fransisco)

 

Captain Tony Trabert a vu juste, les Etats-Unis étaient archi-favoris, mais il fallait oser. D’ailleurs, qui oserait balancer ça avant une rencontre aujourd’hui ? « Si je dis à mes joueurs que nous allons gagner 4-1, ils me regarderaient d’un air soupçonneux en se demandant à qui je peux bien penser au juste pour laisser un point. Je préfère annoncer que nous gagnerons 5-0 ».

 

1980 – Tchécoslovaquie / Italie 4-1 (Prague)

 

2 000 tifosis au début du premier match, 1 999 à la fin. Le supporter manquant n’est autre que le frère d’un député communiste, accusé d’avoir insulté un agent de sécurité et expulsé manu-militari (8 points de suture). Sur le coup, les Italiens ont refusé de reprendre le jeu interrompant la rencontre pendant 40 minutes. Ils bouderont la cérémonie de clôture et leur ambassade demandera des explications. On a vu des guerres démarrer pour moins que ça.

  

1981 : Etats-Unis / Argentine 3-1 (Cincinnati)

 

11-9 au cinquième set pour McEnroe et Fleming qui se voyaient balayer Vilas et Clerc en trois petits actes. Conséquences : apocalypse d’insultes et de tensions ; une bagarre générale évitée de peu ; le Président de la Fédé Internationale Philippe Chatrier qui préfère quitter sa loge ; John McEnroe qui insulte son propre capitaine  et qui termine la journée par une déclaration complètement culte : « Je voulais absolument gagner, c’était pour moi une question de supériorité des Etats-Unis sur l’Argentine. »

 

1982 – Etats-Unis / France 4-1 (Grenoble)

 

« Si Noah me fait peur ? Ce serait seulement avec sa nouvelle coiffure ! ». Yannick Noah vient juste d’abandonner l’afro pour les dreadlocks, et John McEnroe, avec qui le Français vient de se prendre la tête au tournoi de Tokyo, s’en sert pour le chambrer dès son arrivée. Le ton de leur énorme match du vendredi (McEnroe s’impose 12-10 1-6 3-6 6-2 6-3) était donné. Rassurez-vous, McEnroe a aussi passé tout le week-end à conspuer son capitaine, Arthur Ashe, comme d’habitude.

 

1984 : Suède / Etats-Unis 4-1 (Göteborg)

 

Pas motivé, passablement agacé d’avoir à jouer sur terre battue à quelques jour de Noël, Jimmy Connors manque de peu de faire disqualifier l’équipe américaine lors de son match contre Mats Wilander, le vendredi. En traitant l’arbitre de « trou du cul » et d’ « enculé de pédé », Jimbo s’était pourtant donné du mal…

 

1989 – RFA / Suède 3-2 (Stuttgart)

 

Question sans piège : quand est-ce que les Allemands de l’Est ont pu suivre pour la première fois du tennis en direct à la télé ? Juste après la chute du mur de Berlin, bien vu, et c’était à l’occasion de cette nouvelle victoire de la bande à Boris Becker. La première édition  avec des jeux décisifs pour clôturer les sets d’ailleurs,  soit plus de 15 ans après l’ensemble des tournois du circuit.

 

1990 – Etats-Unis / Australie 3-2 (St Petersburg, Floride)

 

Point d’orgue de la rencontre, Pat Cash décoiffant André Agassi en conférence de presse : « Il ne fait que suivre le chemin que j’ai ouvert quand j’étais coiffé comme un rocker. J’ai été le premier à prendre des initiatives pour changer le look du joueur de tennis. » Reste cool Pat, c’était juste une perruque !

 

1991 – France / Etats-Unis 3-1 (Lyon)

 

Henri Leconte tient toujours la plus belle perf’ réalisée en finale. Donné pour mort quelques semaines avant le jour J, limite « has been », le Français est 159è à l’ATP quand il mystifie le vendredi Pete Sampras, récent vainqueur au Masters. « Nous étions possédés », dira plus tard capitaine Noah. Sans déc ?

 

1992 – Etats-Unis / Suisse 3-1 (Fort Worth)

 

Les Suisses sont peut-être neutres, mais ils ont le droit de s’engueuler comme tout le monde. En 1992, l’équipe helvétique a changé de capitaine entre la demie et la finale suite à une grosse crise interne, Dimitri Sturdza prenant au pied levé la place du démissionnaire Roland Stadler. Un fait unique.

 

1993 : Allemagne / Australie 4-1 (Dusseldorf)

 

C’est ici pour le record du nombre de balles de match sauvées dans une rencontre de finale. A 1-0 pour l’Allemagne, l’Australien Richard Fromberg en efface cinq contre Kevin Goellner avant de mettre les deux équipes à égalité. L’Allemagne sort finalement victorieuse, mais Goellner lui plongera de la 31è à la 79è place en un an.

 

1994 – Suède / Russie 4-1 (Moscou)

 

Premier jour, 5-4 au cinquième set pour Alexander Volkov contre Stefan Edberg. Balle de match. Edberg la sauve et revient à 5 partout. C’est le moment que choisit Boris Eltsine, dont c’est l’un des meilleurs sketches, pour débouler en tribunes en mode pas discret. Après une minute d’interruption, le temps pour le Président russe d’embrasser son voisin Juan Antonio Samaranch, Edberg n’eut plus qu’à pousser la balle pour achever un Volkov liquéfié.  « Je ne pense que ce soit raisonnable de faire son entrée sur le court à 5-5 au cinquième set. Il est insensé d’avoir provoqué une interruption à ce moment-là ! », pestera Ievgueni Kafelnikov.

  

1995 – Etats-Unis / Russie 3-2 (Moscou)

 

Dixième joueur à ramener trois points à son équipe en finale, Pete Sampras a su ajouter une bonne dose de drame à son exploit. Avant de remporter le double et le point de la victoire contre Yevegeny Kafelnikov, l’Américain a terminé son vendredi en s’effondrant sur le court, vermoulu par 3h38 de Chesnokov sur la terre bien arrosée de Moscou. C’est bien des années plus tard qu’il expliquera souffrir d’anémie congénitale, une maladie héréditaire. 

 

1996 – France / Suède 3-2 (Malmö)

 

Depuis quand un capitaine peut abattre des cartes différentes le vendredi et le dimanche ? Depuis « l’affaire Stefan Edberg », qui a complètement raté son jubilé en se blessant dès le vendredi contre Cédric Pioline. Audacieuse, l’équipe suédoise n’a pas présenté le certificat médical requis avant de remplacer le « presque retraité » par Nicklas Kulti pour le dernier simple. Malgré une (petite) polémique, on a laissé faire avant de retoucher et d’assouplir la règle.

 

1999 – Australie / France (Nice)

 

Efficace ne veut pas dire incontestable. Le samedi, le vent du double n’a tourné que quand le capitaine australien John Newcombe s’est mis à hurler sur les Woodies, Woodbridge et Woodforde, menés 6-2 5-3 par Santoro et Delaitre : « Vous êtes deux gros tas de merde ! » Electrochoc salutaire, les Australiens se ressaisissent et s’imposent en quatre sets : « On avait tellement horreur d’entendre John nous parler comme ça qu’on a fini par ne plus commettre les erreurs qu’il nous reprochait. »

 

2001 – France / Australie 3-2 (Melbourne)

 

En enlevant les plaques de gazon spécialement posées pour la rencontre sur le ciment de la Rod Laver Arena, les agents d’entretien ont fait une découverte sympa. Un serpent-tigre, évidemment venimeux, avait passé la semaine à zigzaguer sous les souliers des finalistes. Valait mieux l’apprendre une fois la fête finie, non ? 

 

2003 : Australie / Espagne 3-1 (Melbourne)

 

Bourde avant même les premiers coups de raquette : alors que les Espagnols pensent faire leur entrée au son de la Marcha Real, on leur a collé un vieil hymne de leur seconde République. Le secrétaire d’Etat chargé des sports, l’ambassadeur et le Président de la Fédé en ont claqué leur siège, contraignant le capitaine australien John Fitzgerald à prendre le micro pour présenter des excuses.

 

2004 : Espagne / Etats-Unis 3-2 (Séville)

 

Avec 26 600 personnes dans le stade olympique de Séville, jamais une rencontre officielle de tennis n’a eu autant de spectateurs. Un record qui devrait tomber ce week-end, à l’occasion de la finale France / Suisse.

 

2006 : Russie / Argentine 3-2 (Moscou)

 

Utilisée sur les circuits ATP et WTA depuis le mois de mars 2006, la vidéo (hawk-eye)  est arrivée en Coupe Davis par BNP Paribas à l’occasion de cette finale. Une curiosité : il n’y alors pas de limite de demandes. La vidéo a ainsi servi à 64 reprises durant le week-end.

 

2008 : Espagne / Argentine 3-1 (Mar Del Plata)

 

Euphorie et humour grivois avant la rencontre, quand Juan Martin Del Potro annoncera à la télévision vouloir enlever à Rafael Nadal « son caleçon du cul ». Rien ne se passera comme prévu : blessée, la star espagnole ne viendra même pas, quant à l’équipe argentine, elle se déchirera en coulisses, Nalbandian et Calleri se frappant dans les vestiaires après leur défaite en double.

 

2010 : Serbie / France 3-2 (Belgrade)

 

Cruelle scène de clôture après la rencontre décisive. Pendant que Llodra fond en larmes sur sa chaise, son vainqueur Troicki tient sa promesse en se faisant faire la boule à zéro avec tous ses collègues, la tondeuse n’épargnant ni le Président de la Fédé Slobodan Zivojinovic, ni le numéro 3 mondial Novak Djokovic. Et Llodra qui n’en finit pas de pleurer…

 

2013 : République Tchèque / Serbie (Belgrade)

 

Héros de la finale 2010, Viktor Troicki est devenu indésirable à la Beogradska Arena, conséquence de sa suspension d’un an pour avoir refusé de se plier à un contrôle anti-dopage. Il dîne tous les soirs avec l’équipe, mais rien de plus. « On me traite comme le pire des criminels. La Fédé a même reçu l’ordre de mettre ma photo à l’entrée des portes du stade que l’on me reconnaisse si je veux entrer ! »

 

Par Julien Pichené et Victor Le Grand

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