A l’issue de son deuxième tour, remporté aisément 6-4 6-1 6-1 face à Bernabe Zapata Miralles, Novak Djokovic a répondu, en conférence de presse, à une question sur la communication entre le joueur et son clan durant un match. Sa réponse pourrait faire évoluer encore plus le coaching… déjà autorisé.
« Je suis heureux qu’on puisse, désormais, communiquer librement avec notre clan durant un match et qu’on n’ait plus besoin d’attendre que l’arbitre ne regarde pas, ou bien de se cacher d’un superviseur, comme c’était le cas depuis tellement d’années. » En voilà un aveu. Enfin quelqu’un qui ose briser le tabou de la feue règle du « coaching », qui pseudo-interdisait aux joueurs de communiquer avec leur coach/clan durant un match. Et qui mieux pour le faire que le MJDTLT (c’est la traduction de GOAT, mais force est de constater que ça marche mieux en anglais) : Novak Djokovic.
Pourquoi avoir relancé ce débat, pour le coup révolu depuis l’été dernier, avec désormais le droit pour les joueurs et leurs entraîneurs de communiquer plus ou moins librement durant un match ? D’ailleurs, que dit la règle exactement ? Elle dit que le coaching est autorisé, à condition de ne pas interrompre le jeu ou de gêner l’adversaire. Le coaching n’est autorisé que lorsque le joueur est du même côté du court que con coach. Le coach ne peut s’adresser à son joueur quand celui-ci quitte le court pour une raison ou une autre. Et finalement, et c'est la partie que je préfère, celle qui jette un autre flou artistique sur la situation : le coaching est permis uniquement avec quelques mots et des phrases courtes, les conversations n'étant pas autorisées. Cette dernière partie de la règle est juste ridicule. Qu’entendent-ils par phrase courte ? Verbe, sujet, complément ? Quant aux « quelques mots », y a t-il donc quelqu’un qui les compte ?
Novak Djokovic a un peu répondu à côté, mais a profité de la situation
Tout cela est ridicule et manque cruellement de courage. Un jour, l’hypocrisie de l’ancienne règle est devenue tellement risible qu’ils se sont dit qu’il fallait faire évoluer le projet. Sauf qu’ils n’ont pas eu le courage d’aller au bout des choses. Résultat : les « conversations » sont interdites. Mais lorsque je vous pose une question et que vous me répondez, ne s’agit-il pas d’une conversation ? Pour Wikipédia, en tout cas, ça l’est : une conversation est un échange d'informations entre au moins deux individus, portant généralement sur un sujet précis. Et comme Wikipédia a toujours raison…
Après son deuxième tour remporté haut la main (6-4 6-1 6-1) face à Bernabe Zapata Mirralles, la question « Qu'attendez-vous de votre entraîneur durant un match quand vous vous adressez à lui ? Des réponses ? », a été posée à Novak Djokovic en conférence de presse. Le Serbe a un peu répondu à côté, mais a profité de la situation, à mon sens pour lancer une idée qui pourrait encore plus faire évoluer le projet.
Novak souhaiterait qu’à la fin d’un set, le coach puisse descendre sur le court pour s’entretenir avec son joueur. En somme, exactement ce qui se faisait sur le circuit WTA. Ou bien la possibilité pour le joueur d’enfiler un casque qui lui permettrait, comme c’était le cas au Masters de la Next Gen, de communiquer avec son coach. L’homme aux vingt-trois Grands Chelems estime que ça serait bénéfique pour le joueur, mais aussi pour le spectacle car cela ajouterait du piment.
C’est une chose de recevoir des consignes, c’en est une autre de les appliquer
Ce en quoi je suis totalement d’accord avec lui. Pouvoir être la petite souris qui écoute les conseils prodigués au joueur est juste un régal. C’est clairement du « inside ». On adore entendre ce que l’on ne peut justement pas entendre, tout comme on veut voir ce qui se passe derrière la porte où l’on n’a pas le droit d’aller.
Mais là où il est fort le Novak, c’est qu’avant même que sa réponse ne puisse faire polémique, il anticipe en expliquant qu’il comprend que « certains de ses adversaires estiment que le coaching ne devrait même pas être légal, car le tennis est un sport individuel et que vous devez donc résoudre les problèmes de manière également individuelle ». Avant d'ajouter : « De toute façon, nous devons résoudre les problèmes seul. Même si le coach vient vous parler à la fin d’un set et vous donne quelques conseils, c’est toujours vous qui jouez, tout seul. Il n’y a pas de remplacement ».
Ce en quoi il a encore raison. C’est une chose de recevoir des consignes, c’en est une autre de les appliquer. Si le coaching était tellement efficace, alors comment se fait-il qu’un joueur de Coupe Davis puisse perdre un match ? Logiquement, avec tous les bons conseils reçus de son capitaine, qui plus est tous les deux jeux, la défaite devrait être impossible. Et pourtant…
Je suis persuadé que Novak Djokovic, en tant que président du Professional Tennis Players Association (PTPA, le nouveau syndicat des joueurs et des joueuses), a vu l’opportunité d’évoquer un sujet qui lui tient visiblement à coeur. Et je serais tout sauf surpris de voir apparaître cette évolution dans un futur pas si lointain.