Ce soir, rangez baskets, raquettes et brassières. Place aux robes pailletées, escarpins et tapis rouge. L’année du 2014 du MAG We Are Tennis touche à sa fin et il est déjà temps de faire le bilan de la saison sous forme d’Oscars.
Prix ‘Evert - Navratilova’ du 18e Grand chelem… Serena Williams
Il fallait bien Chris Evert et Martina Navratilova, mythiques rivales restées à égalité devant la postérité avec 18 titres majeurs chacune, pour accueillir Serena Williams à leurs côtés. L’Américaine a vécu une année difficile, subi d’inhabituelles avanies - éliminée avant les quarts des trois premiers Grands Chelems, corrigée 6/0 6/2 par Simona Halep en poules au Masters - mais a su taper du poing sur la table à l’US Open. La voilà l’égale de ses prestigieuses aînées. Seules trois joueuses la précèdent encore dans la légende: si Helen Wills, 19 tournois du Grand Chelem, est dans la ligne de mire, les 22 unités de Steffi Graf et, plus encore, les 24 de Margaret Court, semblent difficilement atteignables. Sauf à imaginer que Serena Williams survole toujours la WTA à 35 ans…
Prix ‘Juan Martin del Potro’ du fracasseur de Big Four… Stan Wawrinka
2014 restera l’année où le Big Four a dû se résoudre à partager le banquet. Stan Wawrinka, vainqueur à Melbourne, et Marin Cilic, titré à New York, prétendaient tous deux à cet Oscar non attribué depuis la démonstration de Juan Martin del Potro à l’US Open, il y a déjà cinq ans. La récompense revient finalement à ‘Iron Stan’. D’abord parce qu’il a été le premier à briser le joug établi par le quatuor Federer – Nadal – Djokovic – Murray. Ensuite parce qu’il y a mis la manière en battant le triple tenant du titre Djokovic en quart, et le numéro 1 mondial Nadal en finale. Egalement tombeur de Berdych, en demies, il s’agit du plus beau parcours d’un champion du Grand Chelem depuis Michael Stich, vainqueur d’Edberg (n°1), Becker (n°2) et Courier (n°4) en 1991, à Wimbledon. Enfin parce qu’il a su confirmer derrière, brillant vainqueur de la Coupe Davis par BNP Paribas et du Masters 1000 de Monte-Carlo.
Prix ‘Rafael Nadal’ du roi de Roland-Garros… Rafael Nadal
« Merci, c’est incroyable, mais je ne sais pas si je le mérite. Il y a beaucoup de joueurs meilleurs que moi sur terre battue, non ? », a lâché Rafael Nadal, ému, à l’heure de recevoir le prix saluant sa neuvième victoire à Roland-Garros. Comme souvent, l’Espagnol a engrangé titres et points ATP au premier semestre, avant de rentrer dans le rang au second, au fil des blessures. Cette année, ce sont le poignet, à l’été, puis l’appendicite, en fin de saison, qui lui ont réclamé tribut. Malgré ça, il a encore su viser juste dans sa fenêtre ocre. Neuf titres dans un même Grand Chelem, son corps le laissera-t-il atteindre les dix ?
Prix ‘Justine Hénin’ de la retraite surprise… Li Na
Janvier : Li Na remporte l’Open d’Australie. Mars : finaliste à Miami, elle déclare viser la première place mondiale. Septembre : elle annonce sa retraite, trois mois après avoir disputé son dernier match officiel à Wimbledon. Entretemps ? Un genou qui crie grâce et une motivation devenue insuffisante. En sport, il y a les boulimiques de victoires, un peu plus affamés après chaque trophée, et il y a ceux qu’un grand titre rassasie. La Chinoise fait partie de la seconde catégorie, et il n’y a pas lieu de l’en blâmer. En 2011 déjà, l’idée de stopper sa carrière l’avait traversée au cours des mois suivants son triomphe à Roland-Garros.
Prix ‘Ken Rosewall’ du vieux qui s’accroche… Roger Federer
Son dos lui joue des tours et il porte des pulls affreux pour y remédier, mais Roger Federer aime toujours autant damer le pion aux petits jeunes. Après un exercice 2013 désastreux (pour lui…), le Suisse est revenu à des standards plus conformes à son CV : 5 titres, dont 2 Masters 1000 ; 73 matchs gagnés, personne n’ayant fait mieux ; passé à un set de remporter son huitième Wimbledon… et enfin vainqueur de la Coupe Davis par BNP Paribas, l’ultime trophée d’envergure qui manquait encore à son palmarès. A 33 ans, il s’est même permis de fignoler encore ses statistiques personnelles contre ses rivaux : 3 victoires en 5 matchs contre Novak Djokovic, et un 3 à 0 contre Andy Murray qui lui permet de reprendre les rênes de leur face-à-face en carrière (12-11). Papy fait de la résistance.
Prix ‘Jim Courier’ du numéro 1 mésestimé… Novak Djokovic
Mésestimé, Novak Djokovic ? Un chouia, oui, le jury assume. La rançon d’effectuer sa carrière à l’ombre des géants Federer et Nadal. Le Serbe est victime, aussi, de sa sensationnelle saison 2011, qu’il n’a jamais été en mesure de reproduire, ni même d’approcher. Et pourtant. Sur l’ensemble des quatre dernières années, le patron, c’est lui. Les chiffres ne mentent pas : depuis son accession au trône mondial, au sortir de Wimbledon 2011, il a passé 120 semaines dans ce costume de n°1, contre 39 à Nadal et 17 à Federer. Sur la période, il affiche aussi 6 titres majeurs, contre 5 à l’Ibère et un seul à l’Helvète.
Prix ‘Lindsay Davenport’ du talent brut de décoffrage… Petra Kvitova
Elle traîne une bouée au niveau des hanches digne de David Nalbandian. Et pourtant elle gagne, à la faveur d’un bras formidable compensant un déplacement souvent pataud. A 24 ans, Petra Kvitova a retrouvé le chemin du succès à Wimbledon, sur ce gazon où son tennis tout entier tourné vers l’offensive fait décidément merveille. Mine de rien, malgré ses manques physiques patents, la Tchèque pèse à présent deux Wimbledon, un Masters et trois Fed Cup par BNP Paribas. On n’ose imaginer à quelle hauteur elle survolerait le tennis féminin une fois délestée de ses kilos en trop…
Prix ‘Monica Seles’ de la jeunesse (bientôt) triomphante… Eugénie Bouchard et Simona Halep
Les votants ont refusé de séparer la Canadienne et la Roumaine pour ce prix distinguant deux possibles futures championnes de Grand Chelem. Bouchard a atteint le dernier carré des trois premiers majeurs de l’année, culminant avec une finale à Wimbledon, avant de marquer un peu le pas. Halep est passée à deux jeux de remporter Roland-Garros, avant d’atteindre les demies à Wimbledon et la finale du Masters. La blonde exubérante ou la brune taciturne, il va falloir choisir.
Prix ‘Shuzo Matsuoka’ du soleil levant… Kei Nishikori
L’engouement tennis au Japon a confiné à la folie lorsque Kei Nishikori a atteint la finale de l’US Open. Après avoir méthodiquement amélioré toutes les marques établies précédemment par son aîné Shuzo Matsuoka durant l’ère Open, le Nippon élevé dans l’usine à champions de Nick Bollettieri, en Floride, a passé un cap en 2014. Ne lui manque plus qu’un titre d’envergure pour graver tout ça dans le marbre. Il en était proche sur la terre battue de Madrid, mais une blessure au dos l’a empêché, en finale, d’achever un bijou d’orfèvrerie face au maître Rafael Nadal en personne.
Prix ‘Marcelo Rios’ de la tête de lard… Fabio Fognini
Un bon début d’exercice, riche d’un huitième de finale en Australie et d’un titre à Vina del Mar, et puis un bon vieux pétage de durite. Chassez le naturel, il revient au galop, Fabio Fognini a rythmé le reste de son année d’amendes en tous genres et de prises de becs avec, au choix, ses collègues les joueurs, les arbitres ou le public venu assister à ses productions. De Wimbledon à Paris, de l’US Open à Tokyo, le ‘Fogna Show’ n’a pas connu de frontières. Et devrait selon toute vraisemblance repartir en tournée sur les routes du monde entier l’année prochaine.