1000 bornes, mamie et bières : le very good trip de Marco Trungelliti

14 mars 2023 à 12:30:00 | par Quentin Ballue

1000 bornes, mamie et bières : le very good trip de Marco Trungelliti
Marco Trungelliti
Au printemps 2018, les Internationaux de France sont le théâtre de l'une des plus belles histoires des histoires de lucky loser. Appelé de dernière minute, Marco Trungelliti saute dans sa voiture, s’enquille dix heures de route pour revenir à Paris et vient créer la sensation, tout en embarquant sa famille. Qué bueno , qué rico , qué lindo, Paris Latino.

C'est l'histoire d'un mec qui, deux ans plus tôt, a déboulonné Marin Čilić, alors numéro 10 mondial, sur le court n°2. D'un type qui, un an plus tard, a renversé Quentin Halys dans un court n°1 évidemment bouillant et acquis à la cause du joueur français. D'un homme qui a, surtout, quitté la Porte d'Auteuil, au soir du 24 mai 2018, après une défaite en trois sets face à Hubert Hurkacz (6-3, 4-6, 6-4) lors du troisième tour des qualifications. Son nom ? Marco Trungelliti. La suite ? Logique : battu, l'Argentin rentre chez lui, à Barcelone, amer. Bien trop simple, car un concours de circonstances totalement dingue va finalement le forcer à rebrousser chemin.

Family Business

Une fois la phase de qualifications bouclée, Trungelliti n'est pourtant que neuvième sur la liste d'attente. Les raisons d'espérer sont minces, mais, alors que le premier tour du tableau principal s'apprête à débuter, les forfaits s'accumulent. Il faut ici préciser que désormais, un joueur qui se retire du premier tour de Roland-Garros avant de jouer ne repart plus les mains vides, mais avec la moitié du prize money (20 000 euros). Les dominos tombent ainsi plus facilement et, touché au coude, Nick Kyrgios est ainsi le huitième à jeter l'éponge, plaçant Prajnesh Gunneswaran sur le palier du tableau principal. Problème, l'Indien est d'ores et déjà inscrit au Challenger de Vicenza et doit donc céder à sa place. Le téléphone de Marco Trungelliti se met alors à sonner : une chance en or d'intégrer pour la quatrième fois de sa carrière le tableau principal d'un Grand Chelem vient de s'ouvrir, ce qui lui permet dans le même temps de renflouer son compte en banque, ce qui n'est pas anodin quand on on pointe à la 190e place mondiale.

Branlebas de combat en Catalogne. Le clan Trungelliti doit s'organiser en urgence. Alors, Mamie Dafne, 88 ans, sort de la douche et s’engouffre dans la Seat Ibiza de location, initialement destinée à faire un peu de tourisme. Y prennent aussi place son frère, André, et sa mère, Suzanna. « Il y avait beaucoup d’avions annulés, pas de trains, raconte le joueur, qui partage alors le volant avec son frère, en conférence de presse. On est parti à 13h, on est arrivé vers 23h. En Argentine, quand vous ne vivez pas à Buenos Aires, il n’y a rien à des kilomètres à la ronde. Vous pouvez faire des centaines de kilomètres et ne pas trouver de ville. Donc en faire 1000, ce n'était pas grand-chose pour nous ! »

Petite nuit, grand lundi

Une fois arrivé à son hôtel, à Paris, Marco Trungelliti ne dort que cinq heures. Qu’importe : il arrive frais comme un gardon, casquette vissée sur sa tignasse bouclée, pour ouvrir le bal contre Bernard Tomic sur le court n°9. Il empoche même la première manche en breakant deux fois son adversaire. L’exploit est en marche. Mamie Dafne ne s’en rend pas bien compte puisqu’elle ne comprend pas grand-chose au tennis. D’ailleurs, elle ne sait même pas comment se comptent les points. « Elle a compris que c'était la fin du match quand le public a applaudi », sourira le héros, vainqueur en quatre manches (6-4, 5-7, 6-4, 6-4). 

Les projecteurs braqués sur lui, Trungelliti s'assure d'engranger 79 000 euros et d'un rendez-vous avec Marco Cecchinato. Le droitier doit toutefois s’incliner (1-6, 6-7 [1], 1-6) et bute encore une fois sur la marche du deuxième tour, qu'il n'a jamais réussi à franchir en Grand Chelem. Tant pis, la semaine est déjà réussie. Et ça mérite bien de trinquer en famille. « Ma grand-mère a bu une bière quand j'ai terminé le match. Moi aussi, avec elle. C'est fini maintenant, plus de lucky loser, plus rien pour moi. Prendre une bière de temps en temps, c'est bien. On n'a pas toujours la chance de prendre une bière avec sa grand-mère. » Pendant ce temps, Prajnesh Gunneswaran était déjà reparti de Vicenza, où il avait pris la porte dès son entrée en lice face à Salvatore Caruso. Sacré destin. 

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