Comme Ivo Karlovi?, qui est sorti de sa retraite internationale pour la finale de la Coupe Davis par BNP Paribas face à l'Argnetine, ces joueurs n’avaient pas fait gagner un seul point à leur pays avant de participer au dernier match du tournoi. Avec succès. Un exploit réussi à de très rares reprises.
1977 – Tony Roche
Comment en aurait-il pu en être autrement ? Tony Roche et la Coupe Davis, c’est une histoire de cœur. Les deux amoureux se sont unis à cinq reprises entre 1964 et 1977 (et encore, l’Australien n’a pas eu le droit de participer à l’épreuve de 1968 à 1972 car la compétition était alors interdite aux joueurs professionnels). La première fois, il est sélectionné dans l’équipe de la finale mais ne joue pas. Les règles font tout de même de lui un vainqueur. En revanche, il prend bien part à l’ultime sacre de 77 en aidant ses coéquipiers sur le terrain… seulement lors de la finale. Avant d’en arriver là, John Alexander, Mark Edmondson et Phil Dent assurent l’essentiel face à l’Inde, la Nouvelle-Zélande et l’Argentine. Mais arrivée en finale contre l’Italie, l’Australie voit Roche réaliser un des derniers coups de son immense carrière. N’ayant jamais remporté de simple en Coupe Davis par BNP Paribas, et étant âgé de 32 balais, Roche est pourtant l’homme qui va lancer le succès des siens face à Adriano Panatta. Avec une victoire parfaite 6-3, 6-4, 6-4, il montre le chemin à ses compères, qui s’approprieront le double et le troisième simple. L’Australie s’impose 3-1, Roche peut sourire.
1985 - Joakim Nyström
En 1985, la Suède se balade dans une Coupe Davis par BNP Paribas qu’elle a remportée l’année précédente et qu’elle souhaite donc garder en sa possession. Avec ses cinq soldats Mats Wilander-Stefan Edberg-Anders Järryd-Henrik Sundström-Jan Gunnarsson, l’équipe dirigée par Hans Olsson distribue raclée sur raclée. 4-1 contre le Chili en huitièmes de finale, idem face à l’Inde en quarts, un sévère 5-0 infligée à l’Australie en demies sans concéder le moindre set… Reste l’Allemagne de l’Ouest pour la dernière marche, qui vient de se sortir difficilement du piège tchécoslovaque (3-2, la moquette trouée de Francfort s’en souvient encore). Menés par Boris Becker (qui n’a alors que 18 ans), les Allemands ne s’avancent pas en victimes expiatoires. Loin de là. Wilander obtient le premier point, rapidement imité par Becker qui égalise donc. Moment où Joakim Nyström intervient. Alors qu’on ne l’avait pas vu de l’épreuve, ce dernier est préféré à Järryd et donc aligné pour le double aux côtés de Wilander. Jusque-là, c’était le duo Edberg-Järryd ou Edberg-Gunnarsson qui faisait le taf. Mais le changement du capitaine porte chance aux Suédois : sans trembler, la doublette inédite de Coupe Davis 1985 balaye le binôme Becker-Maurer 6-4, 6-2, 6-1. Boom. Une victoire décisive puisque Becker ne se démonte pas face à Wilander et remet les deux équipes à égalité, avant qu’Edberg plie la partie en foudroyant Westphal. La Suède conserve son titre et loue la décision d’Olsson. Nyström, lui, kiffe.
1987 - Joakim Nyström
Nyström, épisode deux. Encore une fois, le bonhomme ne participe pas aux rencontres avant l’ultime choc contre l’Inde. Sans lui, la Suède se paye l’Italie (3-2), la France (4-1) et l’Espagne (3-2), avec Järryd à chaque fois aligné en double (deux défaites sur trois). Une nouvelle fois donc, Nyström n’apparait que lors du double de la finale (la cinquième de suite dans la compétition pour la Suède !) avec Wilander, véritable chef de file de sa nation et qui a déjà remporté son simple. Comme son compatriote Järryd. Ne reste donc plus qu’à terminer le boulot. Face à des adversaires qui n’aiment pas beaucoup les autres surfaces que le gazon (« Jouer sur cette surface, c'est comme faire du footing », dira d’ailleurs Ramesh Krishnan), l’association Nyström-Wilander domine sans difficulté les frères Amritraj, sur la terre battue de Göteborg. Les deux frangins sauvent quand même l’honneur de leur patrie en chopant un set, leur seul et unique de la finale. Mais l’essentiel est ailleurs : avec ce troisième point, les Scandinaves sont assurés de décrocher le trophée avant même leurs deux dernières victoires de prestige. Le devoir accompli, Joakim peut se féliciter d’avoir été un complément idéal de Wilander, avec qui il a également gagné Wimbledon. Et dont il sera, bien plus tard, l’assistant au poste de capitaine de l'équipe de Suède.
2002 - Mikhail Youzhny, sorti de nulle part
Avertissement : cet épisode fera peut-être couler des larmes pour tout amoureux du tennis hexagonal. Car il s’agit sûrement ici de la plus grosse désillusion tricolore en finale de Coupe Davis par BNP Paribas. Avant que Russes et Français ne se retrouvent dans ce dernier tournant de la compétition, le jeune Youzhny, vingt bougies et 32e mondial, n’a disputé que deux rencontres dans l’épreuve. Pour deux défaites pas franchement glorieuses : un 3-6, 4-6 encaissé face au Suédois Thomas Johansson en quarts, puis un 6-7, 7-6, 4-6 contre un Juan Ignacio Chela, qui n’a déjà plus rien à espérer, dans le dernier carré. Or, c’est bien ce Youzhny que doit vaincre Paul-Henri Mathieu dans la manche décisive, Ievgueni Kafelnikov étant fortement diminué après sa défaite devant Sébastien Grosjean et son long combat perdu en double. Tout débute bien pour PHM, qui mène deux sets à zéro, 4-2 dans le quatrième et se trouve même à deux minuscules points du match à 5-4. Sauf que Youzhny a décidé de se révéler au grand jour. « Youzhny a été exceptionnel dans ce dernier match en retournant des situations presque désespérées », rembobinait en 2014 Patrice Hagelauer sur Eurosport, alors que Fabrice Santoro, qui avait quant à lui remporté son double, insistait sur le caractère étonnant de la confrontation : « Un mois plus tôt, personne n'aurait parié sur un match décisif entre Paulo et Youzhny, deux mecs de 20 ans, sans expérience (…) Le doute s'est installé chez Paulo, mais le principal responsable, c'est Youzhny, qui a su élever son niveau de jeu et qui est euphorique alors que Paulo s'enfonce. » Après quatre heures et demie de pression, Matthieu cède. Les Bleus deviennent la première équipe menant après le double à perdre une finale de Coupe Davis par BNP Paribas. Merci Mikhail.