Quel vainqueur de Grand Chelem sera Jannick Sinner ?

29 janv. 2024 à 15:33:37 | par Eli Weinstein

Au terme d’une finale incroyable, Jannik Sinner est revenu de deux sets à rien face à Daniil Medvedev pour remporter, à Melbourne, sa première finale en Grand Chelem. Ce titre sera-t-il sans lendemain dans la catégorie reine ou, au contraire, s'annonce-t-il comme le premier d’une longue liste ?

Je ne sais pas dire les grosses boules en russe, mais c’est sans doute ce que doit se répéter, en boucle, Daniil Medvedev, suite à sa défaite en finale de l’Open d’Australie face à Jannick Sinner, alors qu’il menait deux sets à rien. Pire, il était même à deux jeux de la victoire. Mais tant que la ligne d’arrivée n’est pas franchie, le match n’est pas terminé. C’est aussi ça la beauté du tennis. Là où Medvedev doit vraiment être dégoûté, c'est que l’histoire se soit reproduite à Melbourne. En 2022, face à Rafael Nadal, en finale, le numéro 3 mondial avait aussi démarré tambour battant, en empochant les deux premiers sets. Vous connaissez la suite...

En 2024, l’histoire s’est donc répétée, la faute à Jannick Sinner. L’Italien, ombre de lui-même durant les deux premières manches, a su trouver les ressources physiques et mentales pour sortir de la tombe qu'il ne restait pourtant plus qu’à remplir de terre. Durant les deux derniers sets et demi, le quatrième joueur mondial a montré pourquoi il est LE joueur qui monte en puissance. Celui à qui j’ai d’ailleurs décerné l’Oscar de la plus belle progression en 2023. 2024 a commencé pour lui aussi bien que ne s’était terminée l’année précédente.

Comment ce titre sera-t-il vécu, digéré et surtout, de quoi sera-t-il suivi ?

Cette victoire en Grand Chelem est clairement la validation de sa progression. Je ne vous cache pas qu’en regardant ce match, je me suis posé la question de ce qui m’interpellait dans cette confrontation. Je cherchais un angle pour mon article. Je n’allais pas vous faire une analyse technique du match, d’autre le font bien mieux que moi. En revanche, je me suis demandé, une fois le match terminé, comment ce titre serait vécu, digéré. Et surtout : de quoi sera-t-il suivi ?

Il y a clairement trois catégories de carrière en Grand Chelem, lorsqu’un joueur remporte son premier titre à l’occasion de sa première finale. 2003, Roger Federer se qualifie pour la première fois pour une finale en Grand Chelem, à l’occasion de Wimbledon. Ce jour-là, il saisit sa chance et empoche son premier majeur. Dix-neuf autres titres suivront dans cette catégorie de tournoi. Pour Rafael Nadal, c’est la même. En 2005, il dispute sa première finale en Grand Chelem à Roland-Garros et, depuis, a enchainé avec vingt-et-un autres titres. McEnroe, Sampras, Wilander et bien d’autres ont remporté leur premier titre à l’issue de leur première finale majeure pour, ensuite, collectionner les trophées. 

Il est d’ailleurs très rare de trouver un joueur multi vainqueur en Grand Chelem ne s’étant pas imposé dès sa première chance. Mais ça existe. L’exemple le plus notable est bien sûr Novak Djokovic qui, en 2007, perd en trois sets sur Roger Federer à l’US Open. Quatre mois plus tard, il domine Jo-Wilfried Tsonga à Melbourne. Le premier de vingt-quatre titres, série en cours. Il y a bien sûr les exceptions comme Andre Agassi et Ivan Lendl, qui ont tous deux perdu, respectivement, trois et quatre finales avant de lancer leur palmarès « chlemien », avec huit titres chacun.

Dernier cas de figure : le one shot. Il y a des joueurs qui ont atteint et remporté une finale en Grand Chelem sans aucun lendemain (c’est-à-dire plus de titre en Grand Chelem). Il s’agit là de la plus grande majorité, ce qui est logique. Il n’existe pas tant de joueurs que ça, finalement, qui ont réussi à remporter de nombreux titres majeurs. Depuis l’ère Open, ils sont vingt-sept (Jannik Sinner compris) à n’avoir qu’un titre de cette catégorie en leur possession, soit quasiment la moitié de l'ensemble des cinquante-neuf vainqueurs de Grand Chelem depuis 1968. Et sur ces vingt-sept, dix-huit disputaient alors leur première finale. 

Il sait battre Novak Djokovic

La question qui se pose est donc la suivante : quel type de vainqueur de Grand Chelem sera Jannik Sinner ? La cheminée de l’Italien accueillera-t-elle d’autres trophées de majeurs qui viendront se positionner aux côtés de celui de l’Open d’Australie 2024 ? Ou, au contraire, y aura-t-il de la place pour mettre des cadres autour de la coupe qui restera toute seule ?

Au vu de son jeune âge, vingt-deux ans, on peut imaginer qu’il reste entre dix et quinze ans de carrière à l’Italien, si tout va bien. En plus de cela, sa progression est rectiligne. Plus ça va, plus il gagne des places au classement, et plus il remporte des titres prestigieux. Autre détail non négligeable, il sait battre Novak Djokovic. Sur leurs sept confrontations, il l’a battu trois fois au cours des quatre derniers matches. Or c’est un joueur qu’il est bon de savoir dominer si vous voulez gagner des Grands Chelems.  

Pour couronner le tout, Jannik Sinner possède le jeu parfait pour durer et s’imposer. Il sert très bien, tape très fort du fond du court et vient terminer ses points au filet sans problème. C’est un joueur moderne.

Jannik Sinner a remporté son premier titre du Grand Chelem à l’occasion de l’Open d’Australie 2024. Je parie mon abonnement Netflix qu’il en remportera au moins cinq autres.

 

 

 

 

 

 

 

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