Il est classé 121e au classement mondial et il a sorti hier le 38e, qui a presque la moitié de son âge et se positionne comme la très grande star de demain. En effet, après avoir concédé le premier set face à Carlos Alcaraz, Andy Murray a retrouvé les sensations qui lui ont permis, année après année, de se construire à Indian Wells des stats solides, telles que 25 victoires et seulement 12 défaites (avant cette édition) depuis 2006 et sa première participation. L’Écossais, ayant égalisé à un set partout, a ensuite fait cavalier seul dans la dernière manche. Il affrontera au tour suivant Alexander Zverev.
Pas mal pour l’instant de la part de l’ex-numéro 1 mondial. Au premier tour, il avait éteint Adrian Mannarino (51e) 6-3 6-2, et au 2e, il renvoie donc Alcaraz chez lui 5-7 6-3 6-2, en près de trois heures.
Et pourtant, certains trouvent scandaleux qu’il bénéficie d’une wild card.
Alors celle-là, c’est la meilleure ! D’où ? Comment ? Qui êtes-vous pour donner des leçons de morale à trois francs six sous ? Soi-disant qu'en ayant toutes ces wild cards (Indian Wells, San Diego, Metz, Winston Salem, Cincinnati …), Andy Murray prend la place à des jeunes. Tout d’abord, j’aimerais savoir pourquoi les gens, qui ne connaissent pas bien le tennis mais qui s’expriment comme si c'était le cas, pensent que les wild cards sont des invitations réservées uniquement à des espoirs à qui on souhaiterait donner une chance. Ce n’est pas du tout ça. Ça peut l’être, tout comme l’invitation peut également être offerte à un joueur qui fait une tournée d’adieu et qui, sans cela, ne pourrait pas dire au revoir correctement à un tournoi dans lequel il a performé auparavant.
Quant à la question « Est-ce que ça vous embête de prendre la place de joueurs plus jeunes ? », Murray a très justement répondu : « Non, ça ne m'embête pas. Bien sûr, je préférerais rentrer dans le tableau grâce à mon classement. Mais après ce que j'ai traversé et par rapport à ce que j'ai fait dans ce sport, je ne pense pas avoir à me justifier de ces wild-cards. Les tournois font leurs choix et je leur suis très reconnaissant de me donner ces opportunités. »
Il faut savoir une chose, le destinataire d'une wild card résulte d'un choix qui se fait à la discrétion de la direction du tournoi. Il y a bien sûr différents paramètres qui entrent en jeu. Par exemple, sur les tournois en France, il y a un deal avec la Fédération Française de Tennis, à laquelle on laisse le choix du nom pour l'une des trois wild cards attribuées. C’est bien souvent là que l’on découvre des espoirs du tennis français. Sur un tournoi comme le Masters 1000 de Miami, dans lequel IMG (société de management de sportifs de haut niveau) est très impliquée, la décision de l’attribution des wild cards leur revient en grande partie. Du coup, ce sont souvent des joueurs sous contrat avec IMG qui en bénéficient. Ce qui peut donner lieu à des surprises parfois, comme Hugo Gaston et Jack Draper cette année, ou encore Miomir Kecmanovic en 2018. A priori, ces trois-là n’ont rien à voir avec le tennis floridien et encore moins avec l’USTA, et pourtant le Français, le Britannique et le Serbe sont bien entrés dans le tableau grâce à des wild cards.
« to hell and back »
Mais le cas d’Andy Murray est différent. Et là encore, les ignorants du comptoir de bistrot feraient mieux de s’informer avant de déblatérer dans leurs micros. Les wild cards à répétition attribuées à Sir Andy sont là pour l’aider à se relancer. Il est ambitieux. Réintégrer le Top 100 ne l’intéresse aucunement. Lui, ce qu’il veut, c’est retrouver le Top 10. Ça parait peut-être totalement impossible et injouable et pourtant, à l’US Open, lorsqu’il menait 2 sets à 1 face au numéro 3 mondial, Stefanos Tsitsipas, sans qu’il y ait quoi que ce soit à redire sur le niveau de jeu de l’un ou de l’autre, tout le monde était sous le charme, les commentateurs du dimanche y compris.
Andy Murray est allé, comme disent les Anglais, « to hell and back » (en enfer et en est revenu). Il ne pouvait presque plus marcher. Il a subi deux opérations à la hanche. L'Open d’Australie a même essayé de l’envoyer à la retraite, en lui passant une vidéo toute claquée des joueurs lui souhaitant bonne chance dans sa nouvelle vie après le tennis.
Il est encore là et bien là. Pour l’instant, il profite des wild cards qu’on lui donne et, surtout, qu’il mérite amplement et dont il fait très bon usage. Tiens, petite stat rigolote pour conclure : Andy Murray est invaincu face à Alexander Zverev...
Ah si, une dernière chose, pour toutes les mauvaises langues : lorsque Roger Federer fera sa tournée d’adieu et qu’il n’aura pas le classement suffisant pour entrer dans les tableaux, estimerez-vous alors qu'il serait injuste de l’inviter au détriment du 600e joueur mondial ?
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