Danger au Masters

12 nov. 2018 à 14:29:00

Danger au Masters
Le Masters de Londres regroupe les 8 meilleurs joueurs de l'année. Parmi eux, John Isner, Kevin Anderson et Marin Cilic. Trois immenses serveurs. Le spectacle du Masters est en danger avec autant de gros serveurs.

Comme nous (me) disait souvent le principal du collège, lorsqu'il nous rendait nos carnets au cours d'une cérémonie solennelle et ultra flippante après chaque conseil de classe : « Je tire la sonnette d'alarme  ». Evidemment, Camille de Ligneville et Pierre-Yves Boisset n'étaient jamais concernés. Pfffff, fayots  ! Moi, beaucoup plus.

Mais aujourd'hui, nous sommes tous concernés. Et je tire, et je retire la sonnette d'alarme  ! Depuis que je suis passionné de tennis, soit dès l'âge de 6 ans, le Masters a toujours été une compétition qui me faisait rêver. Ce court sans couloir, cette ambiance très cosy du Madison Square Garden bas de plafond. Et surtout, ces joueurs, tous plus fantastiques les uns que les autres, qui s'affrontaient aux meilleurs des cinq sets, pendants des heures et des heures. Je ferme les yeux et je vois immédiatement les têtes d'Edberg, Lendl, McEnroe, Becker, Wilander … C'était un moment vraiment particulier de la saison que tous les vrais passionnés de tennis attendaient avec impatience. C'était le 5e Grand Chelem de l'année.

Un peu "cul cul la praline"

Mais ça, c'était avant. Aujourd'hui, le court a des couloirs, le Masters se balade, la compétition est enrobée d'un «  show  » extraordinaire. Tout ça est très bien. Je ne suis pas un vieux conservateur réactionnaire qui n'accepte aucun changement. Au contraire, je suis pour l'évolution, l'amélioration, le progrès. Mais là, on va droit dans l'mur.

Sur les huit joueurs participant au Masters, trois sont d'immenses serveurs. John Isner, Kevin Anderson et Marin Cilic totalisent, en carrière, 23 706 aces. Attention, j'aime beaucoup Marin Cilic et John Isner et, au demeurant, Kevin Anderson qui paraît très gentil (même si un peu "cul cul la praline"). Mais tennistiquement, quand même, ce n'est pas l'Amérique. Cilic se détache légèrement en termes de palette technique, mais pour les deux autres, sans gros service, ils ne seraient jamais où il sont aujourd'hui. Et pourtant, ils y sont bel et bien et c'est justement cela qui m'inquiète.

Les oppositions de styles sont les recettes des matches parfaits au tennis. Quand Rafael Nadal affronte Roger Federer, c'est une opposition de style, et avouez qu'en général ça joue au ballon ! Mais toutes les oppositions ne sont pas bonnes à prendre, surtout celles où l'un des styles est "Je gagne mes jeux de service, j'attends le tie-break et une fois sur deux je gagnerai le set". C'est ce qui va arriver lorsque John Isner affrontera Novak Djokovic et Alexander Zverev. Mais comme dit la chanson, le pire est à venir (ref NTM) et le pire, ce sera lorsque John Isner sera opposé à Marin Cilic. Car là, ce sera du tire-au-pigeon et basta.

Smash en guise de mise en jeu

Non  ! Ce n'est pas ça le Masters. Je n'ai pas envie de voir des gars, charmants certes, envoyer des missiles à longueur de match, épuisant mentalement leurs adversaires successifs, jusqu'à les faire échouer à l'instant «  T  », soit à 5-5 dans le tie-break.

Mais que faire  ? Interdire le Masters à tous joueurs de plus d'1m95  ? "Opeula", pas de fichage ethnique ici! En revanche, il va falloir sérieusement songer à réformer les règles du jeu au niveau du service. Il est insupportable de savoir qu'à n'importe quel moment de n'importe quel tournoi, Roger Federer, Rafael Nadal ou Novak Djokovic, pour ne citer qu'eux, pourraient perdre sur un Isner et consorts. J'en ai déjà parlé par le passé, mais si John Isner affrontait Rafa et que les deux hommes devaient servir à la cuillère, aurait-on droit à autant de tie-breaks ? Je n'crois pas, non  ! Loin de moi l'idée de laisser tomber le service. Mais on ne parle pas de service, là, on parle de smash en guise de mise en jeu.

Des solutions doivent exister pour contrer ce mal qui va pourrir le Masters et le tennis en général. Et si on laissait tomber la 2e balle de service  ? Tu veux envoyer du lourd  ? Vas-y. Mais si tu te loupes, tu perds le point. J'entends votre ricanement sceptique d'ici (ici = chez moi, vue sur la Méditerranée et aveuglé par le soleil), mais lorsqu'il y aura une finale Isner-Anderson 7-6 6-7 7-6 pour l'un ou l'autre, on en reparlera.

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