Les semaines sans

4 oct. 2018 à 13:06:00

Les semaines sans
On a beaucoup de chance de vivre dans une ère où quatre des meilleurs joueurs de tous les temps sont en concurrence. Mais dès que les quatre sont absent en même temps il y a comme un vide ...

Dites moi que vous n'auriez pas fait la même chose, si vous aviez dans votre boutique quatre produits exceptionnels parmi tous ceux que vous vendez. Ces quatre-là, à chaque fois que vous restockez l'étalage, ils disparaissent immédiatement. Alors évidemment, on fait quoi ? On en met plus. Et encore, et encore … On peut même augmenter le prix, les produits en question étant devenus tellement convoités. Et puis, un jour, vous n'avez pas été livré à temps. La prochaine livraison n'aura pas lieu avant un mois (vacances obligent) et là, vous vous retrouvez à essayer de vendre le reste de votre boutique. Sauf que ça génère beaucoup moins d'intérêt …

Ce prix est très élevé

C'est un peu le sentiment que j'ai lorsque je vois des semaines comme celle-ci. On a beau chercher, on ne retrouve pas les noms de Rafael Nadal, Roger Federer, Novak Djokovic et Andy Murray sur aucune ligne d'aucun tableau des tournois en cours. Il y a bien entendu d'autres joueurs qui suscitent de l’intérêt et de la curiosité, qui vous poussent à acheter une place ou à allumer votre télévision, des joueurs comme Juan Martin Del Potro, Stan Wawrinka, Alexander Zverev, Jo-Wilfried Tsonga, Fabio Fognini, Gaël Monfils ou encore Nick Kyrgios. Mais ce n'est pas la même.

Le quatre majeur que j'ai cité au début du paragraphe précédent a un prix. Le problème est que ce prix est très élevé. J'ai parlé avec Lionel Maltèse, organisateur de tournois ATP et WTA (Open 13 Provence, Bruxelles, Nice, Lyon ...), et il m'en a donné une meilleure idée : « Dans l'ordre, du plus cher au moins cher, on a Roger, Rafa, Novak et Andy. Le seul avec lequel il est imaginable de négocier est Murray. Pour les autres, leur prix est tellement élevé que clairement, ils n'ont pas envie de venir. Dans notre catégorie, il n'y a que certains tournois exceptionnels qui peuvent se le permettre, du genre Doha ou Dubai ». Et il continue: « Pour eux, participer à ces semaines n'a pas de sens sportif, vu les points qu'ils peuvent gagner en 250 ou 500. Economiquement, ça n'a pas de sens non plus. Ils ont mieux fait de faire une exhibition qui leur rapportera beaucoup plus ».  Bref, quasi impossible pour les tournois de catégories 250 ou 500 de s'offrir la présence d'un membre du « Big Four ». Bon, en plus en ce moment, les gars s'économisent (et oui, on ne se rajeunit pas!), donc il est encore plus compliqué de les convaincre de s'aligner sur ce qui est pour eux des semaines de repos.

Marin Cilic c'est "topeu taine"

Mais « l'ennui » de la semaine sans « Big 4 » résulte aussi d'une stratégie marketing que l'ATP n'a pas vraiment pu contrôler. Lorsque vous êtes submergé par d'aussi grandes stars, avec d'aussi fortes personnalités, d'athlètes aussi « bankable », vous ne pouvez pas empêcher le déferlement médiatique et commercial qui a lieu autour d'eux. Il suffit de voir l'état de remplissage d'une salle de presse lorsque c'est Roger qui tient une conférence, par rapport à un Cilic. Ce n'est pas le jour et la nuit, c'est la vie et le néant ! Pourtant Marin Cilic c'est "topeu taine", vainqueur de Grand Chelem, finaliste de Grands Chelems. Peu importe, il n'intéresse pas la presse. L'ATP a évidemment vu ce phénomène et a d'ailleurs vite compris qu'ils ne pourraient pas l'arrêter. Mais ils ont aussi vite compris qu'il fallait mettre au point des plans B pour contrer les semaines sans et surtout préparer l'après … D'où la NextGen. Avec une grosse campagne investie sur la génération montante des Zverev, Thiem, Kyrgios, Pouille, Rublev, Khachanov, Shapovalov, Coric … Malgré ça, les quatre fantastiques prennent tellement de place, que ça demeure compliqué.

Alors si vous n'aviez pas suivi, Struff est en quarts à Tokyo et Fucsovics aussi, mais à Pekin. Voilà, voilà.

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